photo by Mathieu Charreyre
Acteur, scénariste et réalisateur, Fabien Remblier est l’un des spécialistes français de la 3-D. Nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec ce passionné que le public a découvert en 1985 dans Scout Toujours. Dès 1991, et pendant plus de 5 ans, près de 6 millions de français (40% de part de marché, du jamais vu aujourd’hui) le suivront dans Premiers Baisers et Les Années Facs. Moquées, raillées, caricaturées, les séries estampillées AB n’ont jamais cherché à jouer dans la finesse mais force est de constater qu’elles ont permis à la première chaîne d’Europe de faire des audimats dignes des coupes du monde de foot. On ne s’en cache pas, nous étions fan, notre jeunesse, une certaine nostalgie, une « innocence » aussi, qu’on ne retrouve plus aujourd’hui. A partir des années 2000, Fabien devient réalisateur de spots publicitaires, clips, making-of… Au début des années 2010, il se tourne vers la 3-D relief, qui existe depuis les années 1920. Aujourd’hui grâce/à cause de James « Roi du monde » Cameron, elle est partout. Réalisateur de concerts, Fabien dirige son premier court métrage, Dans tes pas, sélectionné dans plusieurs festivals. Aujourd’hui, il vient de terminer son second court, Jeanne, avec la grande Myriam Boyer. En 2005, Fabien Remblier est revenu sur son parcours AB avec : Les Années Sitcom. Nous avons dévoré l’ouvrage où le comédien se livre avec sincérité sans jamais craché dans la soupe, un très bon ouvrage sur l’envers du décor.
Par une matinée glaciale nous avons interviewer Fabien sur son parcours, ses envie, il n’a pas pris une ride…
Watzup: Bonjour Fabien, tu as débuté dans Scout Toujours, le film presque culte de Gérard Jugnot. Quels souvenirs gardes-tu de ces débuts?
Fabien Remblier: En fait j’avais débuté un peu plus tôt avec un téléfilm de Michel Wyn, « Jeu Set et Match » en 1984. En 1985, quand j’ai été choisi pour Scout Toujours, je ne m’imaginais pas que le film deviendrait un classique. « Scout… » reste l’un de mes meilleurs souvenirs de tournage. J’ai des anecdotes sur chaque scène! Pour moi, c’est un grand film de vacances.
Watzup: Quand on te voit, on pense, avec nostalgie, au Jérôme de notre enfance. On avait rendez-vous avec toi tous les soirs. Quel regard portes-tu sur cette période?
Fabien Remblier: Sur les 6 années qu’a duré cette aventure, nous sommes passés par tous les sentiments possibles! C’était une bonne période et je suis ravi d’avoir participé à ces séries. Même si je suis passé à autre chose, je garde d’excellents souvenirs. Et puis j’ai gardé aussi de bons contacts. Jean-Luc Azoulay a coproduit mon court-métrage, Jeanne, et François Rocquelin y joue un rôle. On reste en famille!
Watzup: Nous avons beaucoup aimé ton livre. Crois-tu qu’avec plus de moyens et du temps les sitcoms pourraient avoir leur place à la télévision française?
Fabien Remblier: Pour moi ça correspond à une époque. D’autres formats ont pris a place. Je ne crois pas que ça peut revenir tel quel maintenant. Je sais qu’une suite est prévue, mais même si j’en ai discuté avec Jean-Luc, je n’y participerai pas. J’ai d’autres envies, notamment la réalisation d’un long-métrage.
Watzup: Tu es devenu réalisateur, l’un des rares spécialistes français de la 3-D. On pense, peut-être à tort, que nous sommes à des années-lumière du cinéma américain sur le procéder, qu’en penses-tu?
Fabien Remblier: La technique 3D, qu’elle soit utilisée aux USA ou ailleurs reste la même: recréer l’illusion de la réalité avec deux caméras, une par oeil. Après, ce qui est important, c’est ce qu’on en fait. Les USA ont une vision plus commerciale de son utilisation comme du cinéma en général. En Asie ou en Europe, on l’utilise différemment. Peut-être d’une manière plus artistique. Wenders en a une utilisation extraordinaire. Bi Gan également. Cela dit, Scorsese a fait deux films 3D extraordinaires. En France, Jean-Pierre Jeunet a signé le superbe T.S. Spivet qui est une référence pour moi. Mais pour tous ces réalisateurs, on est loin des films de super-héros. La vraie nature de la 3D, c’est de donner plus d’émotions, pas uniquement d’envoyer des objets à la figure des spectateurs. Pour moi, le meilleur compliment que l’on peut faire à un film en 3D c’est de dire qu’on ne s’est pas rendu compte qu’il était en 3D. Cela veut dire que l’histoire dépasse la simple utilisation d’une technique. C’est pareil pour la 3D, le Cinemascope, la couleur ou le son multicanal. Toutes ces techniques sont des outils au service du réalisateur mais l’important reste l’histoire.
Watzup: La 3-D est un procédé ludique mais qui a souvent ses limites : luminosité, mauvaise conversion… Quel(s) film(s) conseilles-tu à nos lecteur pour apprécier ce système?
Fabien Remblier: Si vous trouvez que le film n’est pas assez lumineux en 3D, cela ne vient pas du film, mais de la salle. Souvent les exploitants de salle refusent de pousser la lampe de leur projecteur comme ils devraient le faire. Mais comme il n’existe pas de norme de luminosité de projection comme pour la 2D, ils se fichent du confort du spectateur. Pour éviter cela, il ne faut pas hésiter à aller parler à l’exploitant. Il faut aussi choisir les salles équipées de lunettes passives, qui ne fatiguent pas les yeux. Pour les mauvaises conversions, malheureusement on ne peut pas trop le savoir à l’avance (sauf à suivre mes critiques techniques sur le site halluciner.fr à la rubrique Cinéma). Pour bien apprécier un film 3D dans une bonne salle, il faut se placer plutôt au fond de la salle et au milieu. L’idéal, c’est une salle à double projecteur, mais c’est relativement rare.
Watzup: Tu viens de terminer ton second court métrage, Jeanne, racontes nous cette aventure.
Fabien Remblier: L’idée de Jeanne est née il y a deux ans d’une phrase que tout étranger en France a entendu au moins une fois dans sa vie : « toi c’est pas pareil ». En partant de cette idée, j’ai eu envie de faire un court-métrage sur deux personnages qui confrontent leurs différences et leurs points communs et qui finissent par réaliser que l’important ce ne sont pas les préjugés, mais ce qu’ils vont en tirer quand ils y sont confrontés. Pour ce film, j’ai eu la chance d’avoir l’accord de Myriam Boyer qui joue le rôle de Jeanne. Le film m’a aussi permis de travailler avec Damien Jouillerot que j’aime beaucoup et de retrouver François Rocquelin et Naïme Haine avec qui j’avais tourné mon premier court et qui est un acteur vraiment génial. J’ai adoré travailler avec ces quatre acteurs, tous très à l’écoute et disponibles. C’est une grande chance d’avoir une équipe d’acteurs comme eux pour un court-métrage. J’ai également retrouvé l’équipe avec laquelle j’avais tourné Dans Tes Pas, mon premier court-métrage, complétée par des techniciens de la Région Sud où nous avons tourné. Nous avons fait un gros travail de préparation sur le découpage, la 3D et la lumière qui est gérée par Hind, mon épouse. Les conditions n’étaient pas faciles car nous avons tourné pendant le confinement de novembre, mais tout le monde s’est donné à fond et nous avons pu gérer les contraintes sans trop de soucis. Le rythme était intense, mais le résultat est au rendez-vous d’après les quelques personnes qui l’ont vu fini. Moi j’ai du mal à être objectif, je suis encore trop « dedans »! Le film va débuter son tour des festivals et il devrait également être diffusé prochainement en TV, notamment sur IDF1, mais dans sa version 2D.
Watzup: Quels sont très projets? Un prochain court? Un long? Peux-tu nous en dire plus?
Fabien Remblier: Bien évidemment, j’espère pouvoir lancer la production d’un long-métrage. J’ai déjà un casting presque complet pour ce projet. C’est un projet très ambitieux, mais j’y crois beaucoup.
Watzup: Merci Fabien, nous serons au rendez-vous pour Jeanne, à bientôt.
Fabien Remblier: Merci Michaël, rendez-vous à la projection !
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