Réalisateur : Joshua Oppenheimer
Acteurs : Acteurs inconnus
Genre : Documentaire
Nationalité : Danois, indonésien, norvégien, finlandais, britannique
Date de sortie : le 30 septembre 2015
Durée : 1h43
C’est un très beau documentaire qui arrive à traiter admirablement un sujet complexe et sensible.
Synopsis : Adi Rukun est ophtalmo itinérant. Au gré de ses visites, il enquête sur les circonstances de la mort de son frère aîné, accusé de « communisme » et assassiné pendant les grands massacres de 1965 et 1966 en Indonésie.
La caméra de Joshua Oppenheimer accompagne Adi dans sa confrontation avec les assassins. Patiemment, obstinément, malgré les menaces, ils s’emploient ensemble à vaincre le tabou du silence et de la peur.
L’ophtalmologue que nous suivons interviewe les gens sur les grand massacres de 1965 et 1966, tout en leur corrigeant la vue. Ainsi, quand les personnes interrogées disent qu’il ne s’est jamais rien passé, ou essaient de justifier leurs actes passés, il est là pour les aider à retrouver la vue. A la fois par ses actes mais aussi par ses questions dérangeantes. C’est un procédé étrange qui renforce l’impact de ce qui nous est raconté mais aussi de ce qui ne peut être dit.
Le réalisateur a aussi filmé les personnes interrogées en gros plans lorsqu’elles racontent dans les détails la manière dont elles ont exécuté des milliers de civiles. Cela crée un effet d’étouffement, voire d’écœurement face aux propos proférés.
Face à toute cette horreur et ce silence, Adi est calme, courageux alors qu’il se fait menacer à plusieurs reprises lors de ses interviews. De plus, lui qui pourrait être le premier à se mettre en colère et à accabler ses interlocuteurs, reste dans une démarche d’écoute, de questionnement et de compréhension.
On comprend qu’il le fait pour ses parents qui survivent tant bien que mal à la mort de leur premier enfant. Sa mère, que l’on voit
souvent entre plusieurs témoignages, est montrée comme une femme exemplaire et brave. Cependant, elle reste malgré tout bloquée dans le passé.
Au fur et à mesure que le film avance, on comprend qu’ Adi et le réalisateur font aussi ce film pour que les générations futures comprennent que ce qui est enseigné à l’école est très différent de la réalité.
Oppenheimer a également alterné ces interviews avec des images magnifiques qui contrastent avec la noirceur du film. Ce qui rend ce documentaire plus digeste, permettant ainsi au spectateur de souffler un peu.
Ce film au rythme lent, prend le temps d’exposer et de montrer. Une fois le film fini, on en ressort abasourdi. C’est un très bon film documentaire, qui marquera certainement les esprits de tous ceux qui le verront.
