Le Festival Cinessonne est en partie dédié à la découverte des films européens. Il a pour but de faire découvrir les cinéastes d’hier, d’aujourd’hui et de demain, ainsi que de favoriser les échanges entre les réalisateurs et le public, en organisant des rencontres. En tant que membre du jury étudiant, je vous invite à découvrir les films en compétition européenne pour:
– le prix du jury
– le prix du jury étudiant
– le prix du public.
Ce sont les films pour lesquels j’ai eu un réel coup de cœur et qui sortiront prochainement en salle.
Paradjanov
Réalisateur : Serge Avedikian
Acteurs : Serge Avedikian (rôle principal), Yulia Peresild, Karen Badalov, Zaza Kashibadze
Genre : Biopic
Date de sortie française : Prochainement.
Nationalité : France, Ukraine, Géorgie, Arménie.
Durée : 1h53
On peut dire sans exagération de Sergei Paradjanov qu’il fut l’un des réalisateurs les plus marquants du 20ème siècle. Federico Fellini, Michelangelo Antonioni et Andrei Tarkovsky faisaient en effet partie des plus grands admirateurs de sa fascinante puissance de visualisation. Ce film biographique retrace quelques moments clés de la vie et de l’œuvre du génie de la réalisation que fut ce cinéaste arménien persécuté par les autorités soviétiques.
C’est un biopic sur les trente dernières années de la vie de Sergueï Paradjanov, réalisateur Ukrainien et Arménien. Même s’il porte sur un réalisateur peu connu du grand public, il est accessible à tous car il a un côté ludique qui nous permet de découvrir le travail ainsi que la vie de ce cinéaste de génie. Ce film est riche grâce à ses plans picturaux, ses jeux de lumière époustouflants, ainsi que ses effets spéciaux d’animations bien menés. Il y a un juste équilibre entre la noirceur de l’époque et l’univers déjanté du héros. C’est un film sombre mais aussi porteur d’espoir. Plus qu’un simple film, c’est une véritable prouesse de réalisation et d’interprétation de Serge Avedikian (qui interprète également Paradjanov). Émouvant et inventif, Serge Avedikian a su casser les codes narratifs du biopic, tout en conciliant son univers avec celui du cinéaste.
L’apôtre (O Appostolo)
Réalisateur : Fernando Cortizo Rodriguez
Acteurs : Carlos Blanco, Xosé Manuel Olveira, Paul Naschy
Genre : Film d’animation
Date de sortie française : Prochainement.
Nationalité : Espagne.
Durée : 1h20
Un prisonnier tout juste échappé de prison va tenter de récupérer un butin caché quelques années auparavant dans un petit village perdu et isolé. Mais il va trouver pire que la condamnation à laquelle il a échappé. Des personnes âgées sinistres, d’étranges disparitions, des esprits et même l’ambitieux archiprêtre de Santiago croiseront sa route.
Ce film en stop motion, au scénario surprenant, nous embarque dans une intrigue bien ficelée. Les cadrages avoisinent ceux d’un film avec un vrai travail sur la lumière, donnant ainsi plus de réalisme à ce film d’animation. C’est un film de genre où l’humour y tient une place importante, tout en jouant avec des codes propres aux films d’épouvante. Chose étonnante, la vraie force du film réside dans le fait que la seule séquence en 2D est celle qui met le plus le spectateur mal à l’aise. C’est un film à voir en famille mais sans enfants en bas âges.
Aime et fais ce que tu veux (Saint Augustin)
Réalisateur : Malgorzata Szumowska
Acteurs : Andrzej Chyra, Mateusz Kosciukiewicz, Maja Ostaszewska
Genre : Drame, Thriller
Date de sortie française : 1er Janvier 2014
Nationalité : Pologne
Durée : 1h42
Adam est un jeune prêtre qui vient de rejoindre une petite communauté rurale pour travailler aux côtés de jeunes adultes en difficulté. Par son implication, il suscite rapidement l’admiration de tous. Mais peu à peu, son attirance pour un des garçons du foyer se transforme en véritable chemin de croix.
L’interprétation du prêtre par Andrej Chyra est incroyable. Le problème du héros réside entre le choix d’assumer son orientation sexuelle ou de rester dans les ordres. Touchant, sensuel et émouvant, ce film réussi à aborder des thèmes sensibles avec une grande subtilité. Les images sont d’une beauté à couper le souffle. Des scènes originales comme par exemple celle de la procession religieuse, a The Funeral, Band of Horses (son pop-rock) en guise de musique d’accompagnement ; la faisant ainsi ressembler à un clip. C’est un film fort qui vaut le coup d’œil mais qui est susceptible de ne pas plaire à tout le monde à cause des thématiques traitées.
Les Grandes ondes (à l’ouest)
Réalisateur : Lionel Baier
Acteurs : Valérie Donzelli, Michel Vuillermoz, Patrick Lapp, Francisco Bélard
Genre : Comédie
Date de sortie française : 12 Février 2014
Nationalité : Suisse, Portugal.
Durée : 1h30
Avril 1974, Julie Dujonc-Renens, jeune journaliste féministe, et Joseph-Marie Cauvin, grand reporter roublard à la radio suisse, sont envoyés au Portugal pour enquêter sur l’aide de la Suisse aux pays pauvres. La cohabitation à bord du bus conduit par Bob, ingénieur du son proche de la retraite, fait des étincelles. Les projets financés par la Suisse s’avèrent calamiteux et la révolution des Œillets qui éclate soudain ne va rien arranger à l’affaire.
Avec un sujet aussi sensible que la révolution portugaise qui a eu lieu en 1974, le réalisateur a réussi à nous en faire rire et à faire preuve d’une grande inventivité en réalisant autant de gags visuels que des gags relevant de la mise en scène. Le réalisateur voulait inscrire ce film dans la lignée des films des années 60-70, et c’est réussi. Si vous aimez ce genre de films, courrez le voir le jour de sa sortie en salle car il vaut en le détour.
Le Géant égoïste
Réalisateur : Clio Barnard
Acteurs : Connen Chapman, Shaun Thomas, Sean Gilber
Genre : Drame
Date de sortie française : le 18 décembre 2013
Nationalité : Royaume Uni.
1h30
Arbor et Swifty, 13 ans, habitent un quartier populaire en Angleterre. Renvoyés de l’école, les deux adolescents rencontrent Kitten, un ferrailleur du coin, qui organise des courses de chevaux clandestines. Ils commencent à travailler pour lui. Swifty a un véritable don pour diriger les chevaux. Arbor se dispute les faveurs de Kitten, en lui rapportant toujours plus de métaux.
Le film s’ouvre sur un champ avec des chevaux en train de brouter dans la campagne, sous un ciel étoilé. Le plan est tel, que l’on plonge dans le film. Arbor est un jeune enfant violent, hyperactif qui cherche à tout détruire. Seul son meilleur ami Swifty, est capable de le ramener à la raison. La pureté de l’amitié qui règne entre les deux enfants est plus que touchante. Les deux jeunes livrés à eux-mêmes, vont chercher à gagner de l’argent pour aider leur famille. C’est en faisant la rencontre de Kitten, protagoniste détestable, qu’ils vont se disputer ses faveurs. Ce film n’est pas émouvant. C’est une décharge émotionnelle dont on a du mal à se remettre. Malgré un scénario bien construit et des images à couper le souffle ; il ne faut pas oublier que les britanniques sont doués pour traiter des thèmes sociaux sensibles et que ce film a un air de déjà-vu. Cependant, toutes les histoires sont les mêmes, mais ce qui change c’est la manière dont on les raconte. Ici, le réalisateur nous immerge réellement dans son film grâce à la beauté de ses plans mais aussi grâce à la performance de ses acteurs non professionnels, qui nous touchent grâce à leur jeu empreint de réalisme.
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