Réalisateur: Martin Scorsese
Acteurs: Robert De Niro, Al Pacino, Joe Pesci..
Genre: Thriller, Biopic
Date de sortie Netflix: 27 novembre 2019
Durée: 3h29
Nationalité: Américain
Quand le grand Scorsese met en scène De Niro, Pacino, Keitel et Pesci (sorti de sa retraite), on ne peut qu’être impatient. Quand cette réunion parle de mafia, on ne peut qu’en baver. Quand Netflix produit et distribue le film, on ne peut qu’applaudir et se dire que l’avenir du cinéma s’assombrit…
Synopsis: Cette saga sur le crime organisé dans l’Amérique de l’après-guerre est racontée du point de vue de Frank Sheeran, un ancien soldat de la Seconde Guerre mondiale devenu escroc et tueur à gages ayant travaillé aux côtés de quelques-unes des plus grandes figures du 20e siècle. Couvrant plusieurs décennies, le film relate l’un des mystères insondables de l’histoire des États-Unis : la disparition du légendaire dirigeant syndicaliste Jimmy Hoffa. Il offre également une plongée monumentale dans les arcanes de la mafia en révélant ses rouages, ses luttes internes et ses liens avec le monde politique.
UNE ŒUVRE PUISSANTE ET BOULEVERSANTE
The Irishman est plus que le nouveau Scorsese. C’est une œuvre d’histoire, un film fleuve, un long métrage épilogue pour son réalisateur et ses acteurs… La fin d’une époque, l’ancienne et la nouvelle.
On ne reviendra pas sur la pré production chaotique du film. On vous dira simplement que seule la plateforme Netflix a voulu produire ce film en laissant à Martin Scorsese un contrôle absolu. Aucun studio n’a voulu mettre les 170 millions de dollars demandés. La reconstitution historique, les effets spéciaux révolutionnaires (le rajeunissement numérique des comédiens) ont fait flamber le budget.
La vie de Jimmy Hoffa fait partie intégrante de l’histoire américaine. L’homme était aussi connu qu’un Elvis ou Sinatra. Faut-il connaître son histoire pour apprécier le film, pas nécessairement, même si on vous conseille de vous renseigner sur le monsieur. Interprété par un Pacino envoûté, le boss des Teamsters (le plus puissant syndicat américain), est charismatique à souhait. On suivra son histoire à travers les yeux de Frank « The Irishman » Sheeran, joué par un De Niro investi. Les deux géants partagent plus de 2/3 de leurs scènes ensembles. Retiré du cinéma depuis plusieurs années, Joe Pesci sort de sa retraite sous les traits calmement démoniaques du mafieux Russell Bufalino, il nous avait manqué. Harvey Keitel croisera les trois têtes d’affiche dans le rôle malheureusement anecdotique du pourtant connu Angelo Bruno.
On vous le dit d’emblée: The Irishman ne possède pas la classe et l’aura des Affranchis ou d’un Casino. Cette fois-ci, Martin parle de mafia sans la rendre cinégénique à l’instar de Donnie Brasco. Le dernier acte démystifie magnifiquement l’organisation, ce qui ne lui élèvera jamais sa puissance. Écrit par Steven Zaillian (qui retrouve ses capacités qu’on croyait perdues) The Irishman manie parfaitement le film historique, se déroulant sur des décennies… Œuvre « finale » de son réalisateur où les thèmes de la vie (sa vie?) se croisent: La famille, la montée sociale, l’amitié, les remords, la trahison, la vieillesse, l’époque révolue, The Irishman est un long métrage testamentaire.
La mise en scène est inspirée, le montage intelligent (on ne ressent jamais le poids de sa durée), font du nouveau Scorsese un grand film de cinéma que le cinéma n’a pas voulu… On regrettera les effets de rajeunissement, maîtrisés pour la plupart, mais assez anecdotique, là où prendre des acteurs plus jeunes aurait été peut être plus intéressant. Casino restera le film « mafieux » le plus abouti du metteur en scène italo-américain là où The Irishman restera son (magnifique) pot de départ à la retraite…
Nostalgique et fascinante fresque crépusculaire, The Irishman est le baroud d’honneur d’un réalisateur et d’acteurs d’un Hollywood disparu…
Bande annonce: THE IRISHMAN
