- Histoire
- Graphisme
- Jouabilité
- Bande-son
- Durée de vie
Développeur/Éditeur : Arc System Works/Atlus
Support(s) : PS3, Xbox 360
Type de jeu : baston 2D au bon goût de Petit Écolier
Date de sortie en France : 10 mai 2013
Classification : PEGI 12
Après avoir soufflé sur la poussière de son Persona 4 Arena qui ne semble déjà plus réunir les foules au Japon et aux États-Unis, Atlus le sort en Europe presque un an après sa sortie initiale. Tout de même. Heureusement, au contraire d’un Port-Salut injustement oublié pendant trois semaines au frigo, Persona 4 Arena arrive chez nous sans rien avoir perdu de sa saveur. Mais vous risquez de vous sentir relativement seul(e) lors de sa dégustation.
Chacun chez soi et les Persona seront bien gardés
Il est étrangement un critère souvent mis de côté lors du développement de softs très portés sur la castagne : le scénario. Et ce ne sont pas quelques lignes griffonnées en deux-trois minutes et censées définir le passé des combattants qui m’inciteront à aller fracasser la tête de mon prochain. J’ai besoin de plus pour ressentir la fureur de vaincre, pour considérer comme ennemi l’individu qui se tient devant moi le regard menaçant et les poings joints. De personnages travaillés autant au niveau de leur design qu’à celui de leur background, de leurs motivations. Une tâche largement à la portée des créateurs de la saga de RPG Persona, qui se sont, on ne sait pas pourquoi, associés à Arc System Works (Guilty Gear, BlazBlue) afin de donner naissance à un jeu de combat bien sous tous rapports, et forcément bavard.
Persona 4 Arena est donc officiellement né dans le milieu de l’année dernière sur PS3 et Xbox 360 et présentait d’ailleurs l’irritante particularité, dans ses moutures japonaise et américaine, d’être zoné. Comprenez par là qu’il était (et est toujours) impossible de faire tourner ces versions sur nos consoles européennes. Ce qui n’aurait pas eu grande importance si Persona 4 Arena nous était arrivé peu de temps après ses sorties NTSC. Et neuf mois plus tard, non, ce n’est pas « peu de temps » madame. Mais quelque part, c’est peut-être un mal pour un bien, car cela aura laissé le temps à Persona 4 Golden de s’installer en Europe et dans nos esprits (déjà connaisseurs ou non). Puisque (Le saviez-vous ?) Persona 4 Arena ressemble bigrement à une suite déguisée du Persona 4 original paru sur PS2 et PS Vita. Alors j’attends de vous que vous ayez révisé comme il faut.
Ça va chie
Le pressentiment de se trouver face à un énième BlazBlue sur lequel on aurait apposé moult autocollants à l’effigie de Persona 4 s’estompe vite, bien vite, et ce dès l’apparition des premières boîtes de texte, reprenant le design si bon de celles de Persona 4. Puis vient l’intro animée, au thème musical pas des plus inspirés mais dont les auteurs ont déjà officié sur la saga Persona, le compositeur Shoji Meguro en tête. Et lorsqu’on arrive sur le menu principal, le jeu achève de nous faire sentir comme chez nous avec un habillage impeccable, propre et jaune-orangé, une musique en provenance directe de Persona 3 et 4 (vous n’aurez généralement jamais la même deux fois de suite) ainsi qu’une myriade de modes de jeu qu’il convient de vous présenter, car ils font partie des nouveaux arrivants appelés pour « tuner » Persona en jeu de combat. Premier de la liste, le Lesson Mode, qui, comme son nom l’indique à nos lecteurs anglophones, vous inculquera les bases du jeu à travers des manipulations à rentrer avec un personnage imposé. Et elles sont nombreuses les bougresses.
Outre les traditionnels dash avant/arrière, les sauts et double sauts sans oublier ces combinaisons à rentrer à base de quarts de cercle nécessaires au lâcher de jolis coups spéciaux, Persona 4 Arena se dote de certaines spécificités. Commençons par la plus connue car directement reprise de Guilty Gear : le KO instantané. Il s’agira d’appuyer trois fois sur Bas puis sur Triangle + Croix quand votre barre de SP sera entièrement remplie pour abréger l’affrontement de mille étincelles, et vous garantir la victoire par la même occasion, même si vous effectuez la manip’ au premier round. Les subtilités propres au jeu ? Sous votre barre de vie peuvent être assemblées les différentes lettres du mot « BURST » (ne me demandez pas comment, c’est l’évidence même), et les effets de ce pouvoir diffèreront selon que vous l’utilisiez en phase de contre ou d’attaque. Dans le premier cas, vous sortirez indemne de l’attaque portée à votre encontre, tandis que dans le second, votre barre de SP se verra intégralement rechargée. De plus, quand votre barre de vie sera suffisamment entamée, vous entrerez en état d’ « Awakening », qui augmentera la capacité maximale de votre jauge SP tout en augmentant votre défense, pour une durée limitée. Enfin, certaines attaques provoqueront des altérations de statut (poison, charme, confusion).
Teddie rieur
Si seulement deux boutons (Carré et Croix) sont dédiés aux coups physiques portés par votre personnage, les touches Triangle et Rond remplissent la même fonction mais pour son Persona, à la manière du Jojo’s Bizarre Adventure de Capcom. Un renfort de poids (une entité magique représentant la force mentale de son « manieur ») que l’on se fera une joie d’invoquer en cours de combo mais qui ne sera pas perméable aux coups adverses, et si vous le laissez en encaisser un bon paquet, il disparaîtra et vous ne pourrez plus l’appeler avant un certain temps. Comme Jojo, œuvre au scénario complexe et passionnant qui avait donné à son adaptation vidéoludique sur 32 bits toute sa consistance. Persona 4 Arena dispose également d’un Story Mode indépendant de l’Arcade Mode, ce dernier allant plus rapidement à l’essentiel malgré la présence de courtes cut-scenes avant certains combats. Avoir avoir estimé, le Lesson Mode achevé, qu’il pouvait maintenant participer à de véritables affrontements, le joueur trop confiant fera bien de d’abord passer par le mode Arcade tant le Story Mode met un temps monstrueux avant de démarrer.
D’accord, on se doutait que la narration occuperait une place importance dans ce mode, mais il faut dire qu’elle est exclusivement composée de textes à faire défiler, certes doublés (en anglais ou japonais selon votre choix) et illustrés par de très beaux artworks et les splendides thèmes musicaux de Persona 3 et 4. Mais attendre trois quart d’heure avant de livrer sa première bataille est un petit supplice à vivre, même si le jeu nous demande parfois de « marquer notre page » pour reprendre notre partie après tel ou tel passage. L’histoire justement, se déroule deux mois après les évènements de Persona 4. La Midnight Channel refait son retour (un « programme » accessible uniquement à minuit, lorsque la pluie tombe, sur une TV éteinte) et montre une bonne partie de l’Investigation Team prendre part à un tournoi, le P-1 Grand Prix Tournament. Ces braves jeunots sont pourtant devant leur téléviseur, hallucinés de se voir dans une situation aussi invraisemblable et affublés de titres peu flatteurs (Yu est ainsi surnommé « Le caïd de fer du ‘sister complex' », rapport à son attachement envers sa cousine Nanako). Et vu que trois membres du groupe manquent à l’appel au même moment, les autres n’auront pas le choix : ils devront une nouvelle fois entrer dans le monde de la TV pour récupérer leurs amis et aussi pour se bastonner sans soucis de conscience.
Guilty guili
Le Score Attack Mode est à déconseiller aux nouveaux venus non masochistes, car sa difficulté est telle que sortir victorieux du premier combat relève presque du miracle. Pour augmenter ses chances de succès dans ce mode en particulier, un passage dans le Challenge Mode ne sera pas de trop. Il vous demandera de reproduire les combos affichés à l’écran avec chaque personnage du roaster (qui en compte 13 et dont l’équilibre s’avère hésitant). C’est à partir de là où vous pourrez juger de votre dextérité et décider de vous acharner ou non à maîtriser le plus d’enchaînements possibles. Si, par exemple, les coups demandant des charges vous posent problème (surtout quand ils sont à rentrer à l’intérieur d’un combo), Persona 4 Arena n’y changera rien. Et la croix de la DualShock 3 est toujours aussi douloureuse pour les pouces dans ce genre d’exercice. La difficulté du jeu apparaît donc semblable à celle des autres titres du genre, mais Persona 4 Arena se démarque brillamment grâce à son ambiance pop fabuleuse.
Tout ou presque dans Persona 4 Arena respire en effet la classe et la finesse d’exécution : les menus du jeu donc (typo incluse) avec le visuel de l’écran principal qui change pour dépeindre différents moments de la journée, les écrans Versus, les grandioses musiques à 90% extraites telles quelles de Persona 3 et 4 auxquelles on ajoutera quelques savoureux remixes (dont celui de la Velvet Room joué à l’écran de sélection des personnages dans certains modes). Rien d’agressif au niveau auditif contrairement aux bandes son de BlazBlue et Guilty Gear, que de l’acidulé bouillant de personnalité. Les personnages superbement dessinés s’intègrent très convenablement aux décors 3D (où les figurants sont représentés sous forme d’ombre pour un effet « Project Rub » garanti), les effets visuels et les couleurs choisies ont reçu l’approbation du bon goût (les illustrations des persos prenant tout l’écran lors des « Instant Kill », avec la musique qui s’adapte en conséquence) et le mode réseau vous permet même de vous attribuer un titre (à définir soi-même !). La dizaine de matches en ligne qu’il m’a été possible de livrer ne m’ont apparemment pas fait rencontrer des joueurs américains et japonais, l’historique des combats effectués m’ayant toujours montré un chiffre en dessous de 50. Un peu plus embêtant, les cut-scenes de présentation des belligérants ramaient toujours et c’est parfois le premier round qui en pâtissait. Mais dans l’ensemble, ça tournait bien et tant mieux, au vu des Trophées requérant une présence assidue en ligne.
Resplendissant et profond, Persona 4 Arena ne saurait être uniquement conseillé aux fans de la saga d’Atlus (qui s’émouvront forcément de ces retrouvailles), cela priverait les amateurs de baston technique d’un très digne représentant du genre cachant une enivrante richesse derrière sa plastique manga tape à l’œil et son propos bourre-pif. La 2D, quand elle est réalisée par Arc System Works sous les directives d’Atlus, c’est bon, mangez-en deux pots par jour.