- Visuel
- Jouabilité
- Bande-son
- Durée de vie
Développeur/Éditeur : Kunos Simulazioni
Support(s) : PC
Type de jeu : Gran Turismo 7 si l’on est myope
Date de sortie en France : 19 décembre 2014 en version 1.0 (Steam)
Classification : alors là…
Entre son arrivée dans le bac des Early Access de Steam et la fin de sa mue ayant à priori sérieusement amenuisé la tolérance des joueurs, Assetto Corsa a eu le temps. D’être une référence en devenir de la simulation automobile dite pointue. Et de soigner mille fois son interface.
Testé au pad Xbox 360
Si Gran Turismo était italien…
Comment ce bougre d’Assetto Corsa est-il parvenu à me caresser dans le sens de la longueur, lui qui était terré dans sa page Steam Greenlight il y a de cela encore quelques mois avant d’être validé par un Valve et des votants au nez bien fin ? D’abord dans le choix de son nom. Assetto Corsa, j’aime bien, ça sent le Gran Turismo sans l’odeur de recyclage aseptisé que dégage désormais la série de Polyphony. Il ne suffit évidemment pas de s’inspirer éhontément du nom d’un concurrent pour s’assurer une crédibilité, mais qui dit nom semblable implique sûrement les mêmes aspirations. Et malgré son embourgeoisement de plus en plus prononcé, les bases de Gran Turismo demeurent très solides et respectables : gestion pointue des carrosses, tracés et compétitions à ne plus savoir qu’en faire, graphismes léchés et tentant de s’approprier la réalité. À priori donc, même si son émancipation ne se révélait pas suffisamment marquée, Assetto Corsa nous promet un menu au moins aussi copieux et raffiné que son modèle supposé.
L’appétit avait toutefois intérêt à être tout relatif de prime abord, tant les différents plats mettaient un certain temps (deux semaines d’intervalle) avant d’être servis. Ainsi, pendant ses premiers mois, Assetto Corsa s’est affiché comme un simulateur de dépassement de soi-même. Au programme de la grille de départ, pas de mode carrière ni de confrontations contre des concurrents contrôlés par l’IA, juste une poignée de bolides et tracés plus quelques invitations à embrasser encore et encore le bitume en solitaire. Découverte : c’est là le charme du principe de l’Early Access que d’apprendre à considérer progressivement les éléments d’un jeu tout en sachant rester mesuré(e) dans notre appréciation de chacun d’entre eux, vu que ceux-ci sont logiquement amenés à évoluer durant l’avancée du projet. Tout ça en payant plein pot dès le départ, bien entendu [ndlr : le jeu était finalement plus abordable pécunièrement que maintenant].
Alors dans ce cas, minimisons les risques de dire n’importe quoi et parlons des secteurs d’Assetto Corsa qui sont apparus les plus aboutis dès la sortie du titre de Kunos Simulazioni : les graphismes et la conduite des tutures (autant dire que c’était donc très bien parti). Sans prétendre à partager la couronne décernée à Gran Turismo 6 (et même le volet précédent) pour la qualité de ses visuels, Assetto Corsa s’est vite présenté comme une simulation très agréable à l’œil, détaillée et offrant de savoureux reliefs, comme sur le circuit de Mongello où le soleil vient vous réchauffer le dos en sortie de virage. N’attendez cependant pas un dépaysement de tous les instants, les tracés semblant quasiment tous provenir d’un jeu de F1 hors mods. Quand on sort de Forza « Les Bronzés » Horizon, ça donne un peu l’impression d’être arrivé dans Assetto « Le Pensionnat de Chavagnes » Corsa. « Heureusement qu’il exagère légèrement », devez-vous être en train de vous dire.
… ben il s’appellerait Forza
Vous auriez raison, au moins juste un peu, parce que je ne me ferai pas prier pour avouer que le jeu devient particulièrement enchanteur en début de soirée. Les teintes crépusculaires sont en effet un ravissement et jouent pour beaucoup dans l’affect du joueur que je suis, mais il serait alors injuste de ne pas également citer le ciel bleu éclatant et les éblouissements du soleil en journée. À côté de ça, même si nous verrons plus loin qu’il a d’autres atouts esthétiques, Assetto Corsa sait aussi faire dans l’austère. Pas de musique dans les menus (hormis dans la zone « 360° » où vous pourrez admirer de près la voiture de votre choix) et des paramètres horaires n’allant pas au-delà de 18 heures (exit donc les courses de nuit); si le premier souci ne sera vraisemblablement plus dans la version finale [ndlr : ha], le second a en revanche de forts risques de rester en l’état. Mais ce qui compte finalement, et il faudra le retenir, c’est l’intérieur. L’intérieur de l’habitacle hein, je n’allais pas vous louer les intentions des développeurs non plus.
Il faudra passer en vue intérieure pour se rendre compte que, pour se débarquer de la multitude de titres du même genre, les développeurs d’Assetto Corsa ont visiblement tout misé sur une singularité de comportements. Celle que le joueur observera avec chaque véhicule, un joueur habitué depuis Gran Turismo à s’installer au volant de centaines de bolides sans toutefois avoir jamais constaté avec autant de force une différence aussi prononcée entre les véhicules proposés. Entre les Lotus 2 Eleven et Formula Abarth au cockpit ouvert et au centre de gravité très bas à la Ferrari 599XX Evo et son écran surchargé, les habitacles donnent souvent l’impression de changer du tout au tout. Et pour ne rien arranger, les sons des moteurs se distinguent grandement les uns des autres, même pour des paires d’oreilles non-initiées. Et que dire du cliquetis des graviers qui s’inviteront sans carton dans le châssis lors d’une malheureuse sortie de route, et des usures du pare-brise dès le premier tour ? Qu’ils font bien d’être là.
On apprend à dompter les bêtes avec une certaine excitation doublée d’une appréhension certaine, qui se manifestera généralement à l’entrée, pendant et à la sortie d’un virage, des moments où l’on tentera d’éviter autant que possible d’aller engloutir le bas à sable tel un affamé. Même si la trajectoire idéale est indiquée sur le bitume (la couleur verte recommandant d’appuyer sur le champignon tandis que les portions rouges suggérant fortement l’usage du frein), il n’y aura pas de honte à jongler entre les quatre vues disponibles pour rouler dans les meilleures conditions, la caméra extérieure étant parfaitement jouable et permettant d’ailleurs d’admirer la modélisation des caisses, tout bonnement très bonne malgré de légers traits d’aliasing.
Est-ce un problème imputable à la mise à disposition progressive du contenu, toujours est-il qu’il est bien difficile de sourire face à l’interface du soft, pas claire quand elle n’oublie pas carrément des options essentielles, logiques même comme l’activation par défaut d’une voiture fantôme quand on s’essaie à faire éclater les chronos. À ce sujet, le mode Time Attack d‘Assetto Corsa est particulièrement corsé car il vous obligera à rendre des copies quasi-parfaites à chaque tour, quitter la route vous privant en effet (et c’est tout naturel) de précieuses secondes, et vu que votre session prendra fin si vous ne rejoignez pas le prochain checkpoint à temps, il ne sera ainsi pas rare de ne pas aller au-delà de quatre ou cinq tours.
C’est l’heure de se réveiller
Il faut que vous sachiez qu’entre ce paragraphe et le précédent, plus ou moins onze mois se sont écoulés. Entre-temps, Assetto Corsa a décollé son étiquette « Early Access » et en arbore désormais une nouvelle sur laquelle on peut lire « v.1.0.1 ». Théoriquement, beaucoup de choses semblent donc s’être passées depuis que vous avez débuté la lecture de ce texte. Une classieuse cinématique introduit désormais chaque lancement du jeu et son mauvais goût se situera juste dans l’impossibilité de la zapper. On arrive ensuite sur un premier choix de modes de jeu qui oublie de vous prévenir que la Carrière est réservée aux joueurs pleinement conscients de la signification du mot « humilité ». Plus grave encore, et il s’agit d’un point qui fera bien plus mal au joueur ayant vécu les premières heures d’Assetto Corsa, les menus conservent leur faculté de nous perdre très rapidement et les écrans de chargement dégagent toujours un manque de finition en indiquant les éléments actuellement chargés. En plus de s’éterniser par moments. Et je ne suis pas certain que la taille relativement modeste de Kunos Simulazioni puisse expliquer cela. L’interface ne cesse pour sa part d’alterner les contrôles à la souris et au pad, pour le mitigé et pour le pire. Sachez donc que vous si vous désirez faire une pause en pleine course, il vous faudra passer par la touche « Échap » et ce même si vous conduisez vos bolides à la manette. Mais en plus d’avoir fait l’impasse sur un aspect didactique, Assetto Corsa affiche de plus une ambiance pratiquement plate avec une absence quasi-totale de musique. Et la possibilité d’aménager soi-même le HUD en course n’atténuera pas la peine d’avoir entre les mains un jeu qui fait plus ou moins bien son job tout en tirant la gueule.
Si l’on oublie qu’on a joué à DriveClub trois heures auparavant, les courses d’Assetto Corsa ont de belles choses à délivrer aux joueurs patients. Sauf que pour un jeu désormais proposé à 44,99€, on en demande forcément un peu plus, comme l’envie de donner envie. Assetto Corsa n’est absolument pas sexy et j’aurais tellement préféré évoquer là la qualité des graphismes. Pas dénué d’intérêt, le titre de Kunos Simulazioni est cependant la victime d’une forme bien trop négligée sur un fond pourtant solide. Pour ceux qui savent se contenter de l’essentiel.
comparé assetto corsa avec grand tourissimo fallait osé mais apparemment tu n’a pas vue le fossé xD
un conseil achète toi un volant digne de se nom avant de testé un vrai « jeux » de simulation
« L’interface ne cesse pour sa part d’alterner les contrôles à la souris et au pad »
Il aurait été judicieux de préciser que tu testais avec un PAD dès les première lignes de l’article.