- Visuel
- Jouabilité
- Bande-son
- Durée de vie
Développeur/Éditeur : Duranik/RedSpotGames
Support(s) : Dreamcast
Type de jeu : Shoot them up en retard
Date de sortie en France : 24 avril 2013
Classification : aucune, faites gaffe donc
Janvier 2011 : je commande pour pas trop cher un shmup Dreamcast qui m’a l’air bien chouette malgré son caractère officieux et l’inscription de la console au registre des décès. Mai 2013 : je reçois mon jeu avec satisfaction mais sans effusions de joie. Sans colère ni rage destructrice non plus. Le temps qui passe et qui apaise toute tension est décidément fort, trop fort.
Rise from your grave
Avant de vous plaindre auprès de ses pauvres créateurs allemands que Sturmwind est une formulation maladroite pour désigner un ouragan, faites comme moi et inscrivez ce nom dans le cadre de Google Traduction. Surprise, la langue de Nietzsche est suggérée, pour finalement nous donner la signification désirée : « tourbillon ». Je viens de le dire en plus qu’ils étaient allemands, quelle histoire pour trois fois rien quand même. Si Sturmwind s’est rapidement fait un nom dans la communauté rétro pour être l’un des rares projets amateurs ambitieux à foutre le feu à la Dreamcast (bien vu étant donné qu’en 2010, année de l’annonce du jeu, la console à la spirale était déjà six pieds sous terre), il a par la suite endossé la lourde casquette d’arlésienne, et ce durant de longs longs mois. Des retards successifs dont le plus notable aura été causé par la faillite fin 2011 de la (première) société responsable du pressage des disques du jeu. Allez, on essaie de tout oublier et on enfile Sturmwind dans sa Dreamcast qui n’a que trop attendu ce moment. La délivrance, enfin, je n’y croyais pl… ET VOILÀ QU’ELLE RE-REBOOT !
Aïe, je pensais y couper, mais l’inactivité prolongée de ma jaunissante Dreamcast aura eu pour conséquence de la rendre relativement instable, une fois de plus. Comme si la console m’imaginait prendre plaisir à voir tourner en boucle sa séquence de démarrage me rappelant les meilleurs jingles de France 3 Normandie. Au risque de la décevoir, je me passerais volontiers de ces quelques secondes de douceur bleutée surtout quand elles me sont imposées en plein milieu d’une partie. Et encore, quand je dis « milieu », c’est lorsque la chance passe devant l’écran pour me taper un high five. Toujours est-il que je suis tout de même en mesure de vous dire pourquoi Sturmwind vaut le coup de faire boire un peu d’alcool (à 90° of course) à sa Dreamcast, cette ivrogne au grand cœur.
Dat blast
Sturmwind, ça a beau être une séquence d’introduction en images de synthèse que l’on ne regardera qu’une fois (voire deux pour s’entendre redire qu’elle ne sert à rien), seize niveaux dont le tiers demeurera un mystère pour les plus mauvais d’entre nous, trois armes différentes mais trois armes seulement, trois niveaux de difficulté pour que le tiers cité plus haut arrête de bouder, des ennemis en nombre et la promesse de boss mémorables, ce qui vous importe le plus finalement au moment de lancer le jeu, c’est de pouvoir insérer dans votre console un titre sorti en 2013 sur un support autre qu’un CD gravé. Il tourne même sur toutes les Dreamcast du monde, le jeu ayant eu la bonne idée d’être dézoné. Évidemment, si en plus de tout ça, Sturmwind s’avère bon, ce doux sentiment de satisfaction se prolongera, et dans le cas contraire, vous avez probablement déjà oublié que vous avez été débités il y a de cela deux ou trois ans.
« Lorsqu’on ne se sent pas capable d’aller chercher la victoire, il faut au moins s’assurer de ne pas perdre le match. » Cet adage footballistique que tout entraîneur aimerait graver dans le mental de ses joueurs peut être attribué à Sturmwind qui s’efforce de s’inscrire dans le sillon des meilleurs tout en sachant qu’il lui sera bien difficile de terminer sur le podium. Déjà, pour commencer, vous n’aurez qu’un seul vaisseau à disposition, heureusement très maniable. Ensuite, les environnements font dans la multi-rediffusion, mais ça tombe bien car on n’avait pas demandé à Duranik d’inventer le fil à couper le beurre mou. C’est plutôt au niveau de la technique et des boss que le jeu tire son épingle de lui-même. Sturmwind (compatible VGA) tourne en effet très bien, les quelques ralentissements visibles donnent l’impression que leur présence était voulue, les arrières-plans se veulent soignés (installations spatiales, planètes, monstres qui attendent leur tour) avec parfois (en particulier dans le niveau 1-2) d’impressionnantes phases de modifications du décor. Vous rappelez-vous de ces décors précalculés dans certains RPG PlayStation qui se permettaient parfois d’intégrer une ou plusieurs animations, nous donnant ainsi presque l’impression d’évoluer à l’intérieur d’une véritable FMV ? Rebienvenue en 1997.
Une arme de perdue, une arme à aller rechercher
Comme tout bon shmup qui se respecte mettant en scène des milliers de petits troufions ennemis lancés par leurs supérieurs un peu froussards restés à l’arrière, ces derniers jouissent d’une réalisation haut de gamme. Bon ok, je n’en ai pas vu beaucoup, mais ceux qui se sont présentés à moi ont eu le respect de le faire avec la manière, comme ces bestioles mécanisées aux multiples articulations ou cette pieuvre qui a même servi de repas à un autre poisson après que je me sois donné la peine de la couper en morceaux. Les meilleurs d’entre eux étant certainement réservés aux niveaux avancés, il faudra les mériter, ses baffes. À première vue, la tâche semble surmontable, Sturmwind vous mettant en confiance dès le premier niveau. Mais plus vous avancerez et rencontrerez de boss, et plus vous trouverez détestable que votre hitbox soit visiblement aussi grosse que votre vaisseau (j’exagère un peu car mes doigts ne sont pas conciliants). On le ressent vraiment et surtout contre ces boss qui peuvent vous attaquer de tous les côtés et vous coincer entre leurs pattes. Même avant d’arriver jusqu’à eux, il faudra afficher une vigilance de tous les instants et faire du zigzag sa spécialité. Autre point négatif dont ne ne peut s’empêcher de penser qu’il est dû à l’amateurisme du duo de développeurs (ou à mon amateurisme à moi, faut voir), on a parfois l’impression d’être touché sans avoir pu prévoir le coup, le contact, ou bien sans avoir senti qu’il existait une possibilité d’esquive. Alors relativisons, une touchette ne vous fera pas perdre une vie mais plutôt l’arme actuellement sélectionnée.
En début de partie, vous avez les trois : Lichtblitz, arme bleue de puissance moyenne offrant une bonne protection tout autour du vaisseau et efficace sous l’eau; Nordwest, arme rouge permettant des tirs rotatifs protégeant le haut et l’arrière du vaisseau mais en laissant l’avant vulnérable; et enfin Rudel, arme verte délivrant une forte puissance de feu mais rendant votre vaisseau sans protection en haut et en bas. Chacune de ces armes pourra être upgradée deux fois pour les doter d’autant de drones, et ce en avalant un power-up de la couleur de l’arme actuellement utilisée. Il faut savoir qu’il s’agit d’un unique power-up dont le « contenu » changera à chaque fois que vous tirerez dessus. De 1 000 points à ajouter à votre score, vous passerez donc au power-up rouge puis vert puis bleu. Si vous vous faites toucher alors que vous tiriez avec l’arme verte (Rudel), celle-ci disparaîtra de son slot et vous ne pourrez la récupérer qu’en obtenant un power-up vert. Intéressant système, n’est-il pas ? Il est en plus complété par la possibilité, d’une pression sur la gâchette gauche ou Y, d’inverser la direction du tir de son vaisseau ou de ses drones. En vous y prenant bien, vous pourrez ainsi couvrir l’arrière et l’avant en même temps.
Hagel
Après réflexion, l’aspect le moins réussi de Sturmwind est, à mon sens, sa partition. Les bruitages n’attirent pas de reproches particuliers, mais les musiques donnent la sensation d’avoir été déjà écoutées ailleurs, et ce n’est pas un compliment. Ce n’est pas qu’elles font tâche, ou que je n’aime pas l’electro-trance-jenesaisjamaiscommentqualifierça, mais quitte à avoir une bande-son « cliché », il aurait alors été judicieux de soigner le plus possible la composition des morceaux, pas mauvais mais ne sublimant en rien l’action. Rien de comparable donc avec les soundtracks d’Under Defeat et de Border Down, à mon grand regret. Tant que j’y suis, le vaisseau aurait gagné à être entouré d’une aura quand on charge son super tir, qui n’impressionne donc qu’à moitié. Au niveau du menu qui vous attend, deux modes de jeu principaux répondent présent : le Normal Mode et l’Arcade Mode. Les différences entre les deux se situent dans le nombre de tableaux à traverser (16 dans le premier contre 6 dans le second) et dans le fait que le Normal Mode enregistrera votre progression et pas l’Arcade Mode. Vous pourrez ainsi redémarrer une partie à partir du niveau 1-2 si vous étiez arrivé jusqu’ici, tandis que l’Arcade Mode vous demandera de le parcourir d’une traite, d’autant que l’ordre d’apparition des niveaux ne sera pas le même.
Des bonus comme des travaux préparatifs seront à débloquer en réalisant certains objectifs (classés en trois catégories : bronze, argent et or), et si Sturmwind n’offre pas de jeu en ligne, chaque score obtenu et figurant dans le top 10 vous octroiera un code à rentrer à cette adresse, pour espérer figurer parmi les meilleurs joueurs de Sturmwind au monde. Peu importe le niveau de difficulté choisi (qui sera affiché de toute façon), les scores les plus élevés de tous s’installeront aux premières places. Le mode Hard n’est d’ailleurs pas beaucoup plus difficile que le mode Normal, il vous envoie juste un peu plus de boulettes tout en ajoutant quelques séquences supplémentaires par moments (c’est ce qu’il m’a semblé constater avec le boss du premier niveau). Dans tous les cas, le challenge est au rendez-vous, la clause première du cahier des charges d’un bon shmup, au final.
Avec Sturmwind, la Dreamcast connaît probablement son dernier soubresaut, son coup de défibrillateur ultime qui lui fera voir quelques belles étoiles le temps de s’exclamer « ah oui, je suis capable de ça quand même, j’avais oublié » ou encore un déchirant « ne me débranchez pas tout de suite, l’est accrocheur çui-là ». Shoot them up tout à fait honnête ayant équilibré toutes ses caractéristiques pour finalement n’en faire ressortir aucune, Sturmwind ne souffre tout compte fait que d’un gros défaut : il est en rupture de stock.
Ce jeu est tout simplement énorme!!! Je comprends mieux pourquoi il est quasiment introuvable. Des jeux comme ça, c’est best seller.