Artiste : Man is Not a Bird
Genre : Rock mélodique / indé
Label : Autoproduction participative
Date de sortie : 30 mars 2015
Nombre de titres : 11 + 3 bonus tracks
Certains adulent les « porteurs de voix », ceux qui donneront à une chanson son sens, parfois son charisme. Ceux qui écrivent des paroles, qui ajoutent leur voix à la liste des instruments ayant apporté pour créer une mélodie complète, et vont parfois jusqu’à voler, involontairement mais insidieusement, la vedette à leurs camarades de création.
Mais on voit parfois apparaître certains musiciens qui cherchent avant tout à donner du plaisir à ceux qui recherchent l’illumination dans le chant des guitares. Les parigots de Man is Not a Bird nous offrent donc en toute sincérité un Survived the Great Flood paufiné d’un savoir-faire maîtrisé, tout en mélodie.
S’il y a un piège auquel je me fais tout le temps avoir, et, à mon grand désarroi, en toute connaissance de cause, c’est bien cette putain de Pop Rock Station, tenue d’une main de maître par un des plus grands escrocs du rock, le diable Francis Zégut.
Ce sale type et sa connaissance empirique du rock vont feront bouffer des délices sonores inconnus du bataillon, qui raisonneront comme un sortilège dans votre tête, vous poussant à aller consommer de la galette audio. A un point où je ne sais plus vraiment si je hais ou si j’adule ce type, qui a presque réussi jusqu’à maintenant le sans-fautes de me faire découvrir (au moins) un nouvel apôtre du bon goût musical à chacune des éditions de son émission. Sur laquelle je tombe inopinément, sinon je serai déjà largement en banqueroute à force d’engraisser l’industrie du disque. Merci Francis, et sans rancunes.
Son dernier méfait ? Me balancer, sans retenue aucune, un des extraits d’un album non-encore sorti (vous imaginez le vice ?) : le doux Running Endlessly de Man is Not a Bird, extrait de leur premier LP « Survived the Great Flood », un lot de 11 plages dont la production a été financée par le crowdfunding. Ou financement participatif, pour ceux qui ne sont pas à la page.
Partir avant le grand départ
Dès le lendemain matin, je me suis donc affairé à retrouver cette jolie mélodie sur la toile, pour m’en délecter un peu plus, tout en cherchant à découvrir ce qu’a fait d’autre ce groupe au nom étrange : Man is Not a Bird. Don’t you say ?
Et là, c’est le drame, la déchéance, la chute émotionnelle : le groupe n’a pas encore sorti officiellement de galette. Pire encore : le titre Running Endlessly, qui m’avait tant régalé, n’est en écoute libre nulle part.
Non. Ce n’est pas possible. Il faut que je trouve un moyen d’en écouter plus.
Surtout que, de manière totalement impromptue, le même jour mon responsable adoré me partage le blog musical d’un de ses amis, pour des questions professionnelles. Et là, que vois-je en article-vedette sur la home de Alternative News ? Un article review de l’album de Man is Not a Bird. Bordel, c’est qu’on me cherche.
Puisqu’il semble que les forces du hasard tentent de m’influencer ou de me faire passer un message, c’est décidé : je dois contacter les gars de ce groupe et me débrouiller pour écouter leur travail. Surtout que, par la suite, il ne se passera guère de jours sans que j’entende parler de ces « hommes qui ne sont pas des oiseaux »; la preuve que le projet semblait plus que viable. Bingo, très sympas et ouverts aux demandes de la presse, le band m’a permis d’écouter leur boulot. Amen.
Survived the Great Flood, une ode à la musique vraie
Après avoir compté le nombre de plages et les titres, je me lance dans le vif du sujet, l’écoute. Et je ne suis pas déçu.
Dès les premières notes, les zicos de Man is not a Bird balancent leurs idées, leurs convictions et leur savoir-faire. Les accords sont précis, téméraires et, encore une fois, mélodiques. Je me retrouve un peu désappointé en découvrant qu’hormis Running Endlessly, l’ensemble se fait sans voix (ou presque). Déçu, non pas parce que je fais partie des afficionados du chant, mais parce que ma première rencontre avec le groupe s’est fait sur un morceau chanté. Mais je me rend rapidement compte que les qualités se retrouvent ailleurs.
Le registre est d’avantage sur les aigus. D’ailleurs, en parlant de Running Endlessly, je me rend également compte que la voix de la chanteuse invité, la jolie américaine Alexandra Morte (ici très vivante d’ailleurs… huhuhu) s’ajuste parfaitement avec le style du jeu des musiciens. Au final, sa voix n’est qu’un instrument de plus qui vient ajouter une dimension supérieure au morceau.
Honnêtement, cet album n’apporte, à mon avis, pas de réelles nouveautés au monde de la musique; on y retrouvera des sonorités tantôt rock, pop, parfois hard voir même punk. Et presque la quasi-totalité des morceaux vous suggéreront des sons connus, mais avec l’avantage de sentir une patte supplémentaire, prouvant le professionnalisme des membres de Man is Not a Bird.
Pour ma part, j’y ai parfois entendu du Calexico qui aurait délaissé son burritos au profit d’un steak-frites, du Sigur Ros a qui on aurait greffé une paire d’Amourettes, voir du Incubus a qui on aurait subjugué l’entêtante voix de Brandon Boyd pour la remplacer par un instru profonde et tout aussi possédantes. Et on obtient finalement un album aux sonorités connues sans pour autant avoir un sentiment de déjà vu. Compliqué, non ?
Plus c’est long, plus c’est bon. Mais pas trop.
Si j’avais un reproche à faire à Survived the Great Flood, c’est sa longueur. Oui, 11 morceaux plus quelques Bonus Tracks, ce n’est pas foncièrement long, mais sans paroles, on décroche peut-être plus facilement. Si j’étais particulièrement attentif aux premières plages que sont Troglodyte, Running Endlessly et Survived the Great Flood, il m’est arrivé de perdre cette concentration sur d’autres morceaux.
Les voix pré-enregistrées de Tendresse m’ont même dérangé : elles perturbent plus qu’elles n’apportent, et abaisse la qualité d’un morceau qui aurait pu être plus incisif. Après la première écoute, j’avais même complètement zappé que les morceaux D.I.P ou Explorer possédaient leurs voix ! Pour en profiter pleinement, il est donc même nécessaire de ré-écouter l’album en entier, puis en débutant vers le milieu de l’album, pour réactiver la concentration inhérente à la « primo-écoute ».
Non, sérieusement, Survived the Great Flood est une réussite. Musicalement parlant comme émotionnellement : on prend un véritable plaisir à écouter cet album pour qui apprécie les musiciens qui donnent du cœur à leur travail.
Les accords sont justes et précis, et les morceaux se goupillent bien. Si l’ensemble est cohérent, il l’est peut-être un peu trop, avec une ligne directrice musicale trop prononcée, manquant ainsi de donner à l’album sa variété qui lui aurait permis d’être, dès le départ, captivant de bout-en-bout. Mais on peut trèèèèès largement saluer la maîtrise, la passion et les idées des membres de Man is Not a Bird qui livrent un premier album réussi et professionnel, qui donnera probablement naissance à de nombreux autres opus qui rentreront, sans nul doute, dans toutes les collections des amateurs de sonorités recherchées.
Clip : Running Endlessly de Man is Not a Bird
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Merci pour la découverte ! 😀