Nous vous avions dit tout le bien que nous pensions de Pilote, disponible sur OCS. Nous avions interviewer son réalisateur, Paul Doucet. Aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, nous interviewons un producteur: Éric Gendarme.
Producteur d’Hostile, Méandre et de Pilote, Éric nous a parlé de son métier passionnant et complexe, de la réalité française et du rapport au cinéma américain. Bonne lecture.
Watz-up: Bonjour Éric, comment es-tu devenu producteur ?
Éric Gendarme: J’ai eu envie de faire du cinéma à 5/6 ans. J’ai fait une école de cinéma en 1997 où j’ai rencontré Thomas Lubeau, mon associé. J’ai fait des courts, des clips et ouvert ma société. J’ai compris que le métier de producteur était celui que je préférais. Je voulais porter des projets, former des équipes. En 2012, avec Thomas, nous avons fait beaucoup de publicité, on a porté des projets, co-produit Night Fare de Julien Seri. Nous avons rencontré Mathieu Turi, par l’intermédiaire de Xavier Gens, on a voulu bosser ensemble. En 2015, on se lance dans Hostile pour Mathieu. Là des investisseurs nous quittent, nous avons eu 8 mois de retard. Nous avons tenu, on a fait le film en anglais et à New York, une belle aventure avec ses hauts et ses bas, nous avons énormément appris. Si c’était à refaire, je me relancerai sans hésiter. Hostile nous a mené à Méandre qui nous a emmené à Pilote.
Watz-up: Ça a été compliqué de produire Pilote ?
Éric Gendarme: Etonnant non. Nous avons eu un bon script, de bons retours, OCS était ravi. Le scénario est efficace, nos acteurs ont adoré, ils ont tous dit « oui » rapidement. En septembre 2020 l’écriture était finie, nous avons eu un go en décembre et le tournage a débuté en avril. Au départ le film était pensé pour la salle, OCS est arrivé sur le projet et nous a fait une proposition, proposition qu’on ne pouvait pas refuser 😜. D’ailleurs, Pilote sortira en salles dans de nombreux pays. Après tous les films sont compliqués à faire, c’est toujours un challenge, il faut être passionné.
Watz-up: Produire des films de genre est-ce difficile en France ?
Éric Gendarme: J’ai envie de te répondre produire des films c’est compliqué tout court. Le genre en France n’a pas été un succès à part Frontière(s) de Xavier Gens et Vertiges d’Abel Ferry. Quand tu as 3-4 films de genres par an face à 30 comédies le choix du spectateur est restreint. Pour faire vivre le genre il faudrait en produire dix fois plus, là, à l’instar des comédies, deux ou trois films sortiront du lot. On pourrait en faire plus, nous avons les talents, on pourrait faire des comédies romantiques, de l’action, mais le public n’est pas au rendez-vous. Le cinéma coûte de l’argent, donc quand tu dois prendre ta bagnole, des popcorns tu vas voir un film dont tout le monde parle, une comédie.
Watz-up: Que manque-t-il à notre pays pour affronter le cinéma américain ?
Éric Gendarme: Les moyens ! L’argent est primordial. On ne peut pas se comparer. Quand nous vendons à 20 pays, les Américains vendent à 200. Tout est dans le nombre : Ils produisent 1000 films par an, nous 200. Quand tu produis Pilote, tu le fais car tu y crois mais nous, nous avons le budget café de leurs films, la minute n’est pas au même tarif 😊. Aujourd’hui les plateformes ont changé la donne, quand tu vois Balle Perdue, tu te dis que la nouvelle génération arrive.
Watz-up: C’est quoi la suite pour Full Time Studio ?
Éric Gendarme: Notre société Full Time Studio développe de nombreux films. Nous produirons le prochain Mathieu Turi et nous avons un film avec Redouanne Harjane. Le reste, on en reparlera.
Watz-up: Merci Éric, on se tient au courant.
Éric Gendarme: Avec plaisir, merci Michaël.
