Réalisateur : Joseph Kosinski
Acteurs : Tom Cruise, Olga Kurylenko, Morgan Freeman
Genre : Science-fiction
Sortie française : 10 avril 2013
Pays de production : USA
Durée : 2h06
Restrictions : /
Deux ans avoir avoir lancé sa carrière avec l’audacieux Tron l’Héritage, Joseph Kosinski revient à la charge dans le monde de la science-fiction, et cette fois-ci plutôt bien accompagné : un Tom Cruise à qui la cinquantaine sonnante et trébuchante réussit plutôt pas mal, une Olga Kurylenko toujours aussi envoûtante et un Morgan Freeman décidément pas parti pour laisser la place aux jeunes. Vous prenez de bons acteurs, un jeune loup de la réalisation en pleine effervescence et vous mélangez tout ça au shaker et pas à la cuillère, et vous obtenez Oblivion, un film qu’il envoie quand même du bois. Ou de l’acier, dans ce cas précis.
Synopsis : La Terre en 2077, un endroit qu’il fait pas bon d’y vivre. Le pitch, c’est que des extra-terrestres autant squatteurs que moches sont venus envahir la planète, et ils ont rien trouvé de mieux que bousiller la lune, histoire de créer de terribles cataclysmes ; c’est un peu comme si tu allais bousiller une BMW sur un parking avant de la chourer. N’empêche que les Terriens, et sûrement les Ricains, ils ont des biscottos, et surtout des bombes nucléaires, dont ils se sont servis pour brûler le p’tit cul des extraterrestres. Bien fait, mais maintenant la Terre, elle est toute pourrite. Oui, j’ai dit pourrite.
Alors les terriens, dans leur bon droit, ils sont allés squatter une lune de Saturne, et en attendant ils logent dans une grosse pyramide volante. Y’a juste deux pauvres paumés, Jack Harper (Tom Cruise) et Vika (Andrea Riseborough), sa supérieure et meuf (ziva la promotion canapé), qui surveillent le pompage de toutes les ressources de la Terre pendant qu’ils tirent pas un p’tit coup dans leur logement de fonction 4 étoiles. Jusqu’au jour où Jack assiste à la chute d’une capsule spatiale fourrée aux spationautes humains. Et surtout qu’il y a une nana pas cheum pour un sou, dont il rêve toutes les nuits à côté de sa régulière. Et là, s’bâtard il commence à se douter de quelque chose…
D’avantage scientologue, pas moins acteur
Soulignons en premier la présence d’un (petit) monstre du cinéma ricain, monsieur Tom Cruise, davantage mis en avant au cours des dernières années pour ses frasques relative à l’église scientologue et à ses démêlés avec Katie Holmes. Mais nous on est des cinéphiles, des vrais, on s’en tape des racontars et de savoir si un acteur a sauvé des centaines de porto-ricains à la dérive ou s’il a causé la chute de l’altitude de l’Everest de 8 848 m à 8 845 m. En tous cas, moi je m’en matraque les couveuses à têtards humains. Sauf peut-être pour l’Everest.
Et là, on en a pour notre place de cinéma, hors de prix soit dit en passant : Tom est bon, et il crache pas dans la bonne soupe de rations déshydratées servie par Kovinski ; dans l’action comme dans le suspense, dans le thriller comme lorsqu’il faut pécho la jolie rouquine dans la piscine, il assure. Et c’est elle qui me l’a dit.
Il faut dire que le petit acteur d’1m70 est pas tout seul : une Olga Kurylenko qui apporte de la profondeur au film grâce à son air si mystérieux qui lui est propre (mais qui risque de perdre un os d’ici 1 ou 2 ans si elle continue de maigrir ainsi) et un Morgan Freeman décidément lancé sur le schéma « Bouteille de Nuit St-Georges » : je suis encore meilleur avec quelques piges dans les dents ; et il a quand même 75 balais, le monsieur. Néanmoins, c’est tout de même Mr Cruise qui squatte de son visage un bon 90% de la bande.
On appréciera également de découvrir des seconds rôles tenus par des visages peu connus : le rôle de Vika est joliment interprété par la mignonne quoi qu’anglaise Andrea Riseborough (Never Let Me Go, Shadow Dancer…), et le second de Malcolm Beech (Morgan Freeman) est tenu par Nikolaj Coster-Waldau, mieux connu sous les traits de Jamie « The Kingslayer » Lannister dans Games of Thrones. Et franchement, le type, il gère tout de même bien les rôles de mecs qui défouraillent, avec une épée ou un calibre.
Le reste, c’est du petit lait. Comme dit plus haut, c’est le p’tit Tom qui bouffe la bande, et les seconds rôles pourraient presque passer en 3emes rôles. Alors imaginez les autres. Mais on s’en fiche, c’est bien joué, un point c’est tout.
Tu m’as bien eu avec ton scénar’ !
Honnêtement, le scénario d’ Oblivion sentait un peu la naphtaline dans les premières minutes, à savoir « Je suis tout seul sur Terre, on m’a effacé la mémoire mais je sais pas pourquoi, je fais un boulot que je ne comprends pas vraiment, et j’ai même jamais vu ni parlé à un de mes supérieurs, hormis celle que je me cogne parce qu’il n’y a rien d’autre ». En gros, je spoile que dalle si je dis que ça puait le complot avant même d’avoir senti la doucereuse odeur du pop-corn au caramel dans le hall du cinoche.
Mais au final, ça dure jusqu’au moment crucial où Jack Harper tombe sur la jolie Julia à l’accent qui roule. Et rapidement, on assiste à un enchaînement assez intéressant, quoi que faiblement prévisible et pas si étonnant, surtout si on fait partie de la bande de relous qui ont déjà fait tout le film avant même d’avoir visionné le moindre trailer.
Mais foncièrement, on s’ennuie pas avec Oblivion : les dialogues sont bien écrits, le scénario tient carrément la route (hors quelques petits points qu’on discutera a la sortie de la séance si on fait partie de la bande de relous susnommé) et les acteurs s’endorment pas entre deux changements de bobine. Quoi ? C’est un film de science-fiction et t’as pas parlé des effets spéciaux ? Mais allô quoi. J’y viens, conn*sse.
Tes FX sont propres, coco-vinski
Avouons-le : quand en 2013 tu présentes un film de science-fiction avec des effets spéciaux bien dégueux, t’as hardcore la honte en montant les marches rouge lors du squat annuel des acteurs sur la Costa Azzura. Et là, heureusement pour l’ami Kosinski, c’est pas le cas.
C’est beau, c’est sûr. Ça ne mérite pas non plus qu’on lui inflige une pompeuse version « 3D » qui n’a de tridimensionnel que le nom et les euros en sus que coûtent le ticket pour la séance. On nage en pleine science-fiction, des plans rarement au sol, et lorsque c’est le cas, c’est sacrément bien pensé. Peu de plans d’ailleurs peuvent se targuer d’être dénués de FX ; mais au final, pourquoi s’en targueraient-ils ? L’anormal entre dans le normal, et tout passe bien à l’œil.
Non en fait, le tour de force du jeune père Kovinski, c’est d’avoir créé un univers bien à part, qui permet une immersion réelle dans ce monde irréel, qui perdrait rapidement toute légitimité si le spectateur ne s’y sentait pas comme chez lui. Plates-formes volantes, drones au design singulier, machines gigantesques… Tout pousse à percevoir non pas notre monde en pleine déchéance, mais bien un autre monde, celui imaginé par Kovinski et vécu par Jack Harper.
En conclusion, Oblivion est de ces films de science-fiction qu’on aime à voir. Les acteurs prennent leur rôle à coeur, le scénario est assez complexe pour soutenir un spectateur majoritairement natif de la fin des 90’s et début des 00’s, qui a grandi à coup de FX en intra-veineuse et tend plus vers l’overdose que l’extase. Mais la manière qu’à Joseph Kovinski d’inviter gracieusement le spectateur avant de le maintenir captif avec son plein gré, c’est là la force d’Oblivion qui, bien que ne pouvant pas postuler pour un CDD au sein du Top 10 des meilleurs films FX, car trop dénué de réelle nouveauté, est déjà pris en CDI dans le club des films réussis.
J’avoue qu’au début j’ai été déçu qu’Oblivion n’avait rien avoir avec The Elder Scrolls IV 😉 Mais après avoir vu la bande annonce et ce post. Ça donne envie de le voir, malgré tout. D’ailleurs ce soir j’avais prévu de le voir. Je vais bien voir ce qu’il vaut réellement.