Réalisateur : Robert Rodriguez
Acteurs : Danny Trejo, Michelle Rodriguez, Sofia Vergara, Amber Heard, Mel Gibson, Charlie Sheen (Carlos Estevez)…
Genre : Série Z pas zinzin
Date de sortie française : 2 octobre 2013
Pays de production : USA
Durée : 1h48
Classification : interdit aux moins de 12 ans
Le plus grand tueur mexicain est de retour pour une bastonnade régressive assumée. Réjouissant.
Si Quentin Tarantino et Robert Rodriguez étaient frères, le premier serait l’aîné surdoué et plus subtil qu’il n’y paraît, légèrement influencé par le deuxième, le benjamin à qui on ne refuse rien. Biberonné au cinéma bis des années 70 et 80, le réalisateur mexicain aime prendre du recul avec ses références, qu’il délivre explicitement et aussi violemment qu’un coup de lame dans la face. Cette comparaison est d’autant plus appropriée que la figure de Machete vient à la base d’un faux trailer censé servir de transition entre le Planète Terreur de Rodriguez et le Boulevard de la Mort de Tarantino, c’est-à-dire le duo de films « grindhouse » que s’étaient permis les vilains petits canards d’Hollywood. Après le succès du premier volet en 2010, Danny Trejo et son inexpressivité charismatique reviennent pour sauver la Maison-(très)Blanche d’une attaque terroriste.
Si on jouait ?
Bien sûr, le scénario ne sert ici que de prétexte à un amoncellement de scènes d’action purement gratuites (mention spéciale au coup des tripes sur les pales de l’hélicoptère) entrecoupées de retournements improbables et de dialogues débiles. Les effets gores jouissifs s’alternent avec les attardements sur les formes voluptueuses du casting féminin. De Michelle Rodriguez à Sofia Vergara en passant par Amber Heard et Lady Gaga, le cinéaste s’amuse ainsi d’un faux machisme qui prendrait presque au sens propre le terme de « femme-objet » (je prends le soutien-gorge mitrailleuse pour exemple). Le second degré et les références potaches s’enchaînent dans un tourbillon du « what the fuck » complètement assumé et sublimé par les effets spéciaux datés et les ellipses grossières du montage.
Frontière terreur
Néanmoins, le réalisateur ne peut pas empêcher une certaine redite, d’autant plus qu’il s’agit d’une suite. Les gags ne feront donc pas toujours mouche mais on peut au moins reconnaître à Robert Rodriguez la volonté de ne pas se cantonner au simple exercice de style référentiel. Avec son intrigue basée autour de la frontière mexicano-étasunienne, Machete Kills surprend quand il mêle à son récit délirant une critique assez pertinente du contraste entre le Nord et le Sud (et d’autres blockbusters comme Elysium avaient déjà osé traiter du sujet). L’hommage s’inscrit alors dans l’actualité, le cinéaste préférant l’aspect lisse des caméras numériques aux taches sur les pellicules habituelles des films Z. Là encore, c’est brut de décoffrage, mais rien que pour voir Charlie Sheen interpréter le président des États-Unis le plus badass de l’Histoire, ça vaut le coup !
Plaisir coupable… ou pas !
Le plaisir de Machete Kills réside au final dans l’amusement régressif du réalisateur envers son film, qui se transmet automatiquement au public. Même les acteurs prennent du plaisir à se bastonner, à s’envoyer des vannes et à cabotiner, qu’il s’agisse d’Antonio Banderas (malheureusement trop peu présent) ou de Mel Gibson, réjouissant en double du Dr. No. A l’instar du génial Danny Trejo qui contraste son profond sérieux à ses aventures barrées, ils jouent tous le jeu, même quand le scénario devient de plus en plus volontairement incohérent, parodiant comme seuls les nanars savent le faire Star Wars, James Bond et autres sagas populaires. Robert Rodriguez nous prévient d’ailleurs dès le début du film en nous offrant une bande-annonce orgasmique présentant la suite encore plus prometteuse des aventures du tueur mexicain : Machete Kills again… In Space ! En usant à outrance de clichés et de non-sens narratifs qui semblent l’éloigner du Hollywood actuel, le réalisateur fait en définitive un beau pied de nez à la machine à rêves en livrant sa trilogie. Mais comme dirait notre héros : « Machete plaisante jamais. »
Si vous cherchez de la subtilité, passez votre chemin et allez plutôt voir le dernier Woody Allen. Pour les autres qui seront prêts à entrer dans le délire de Robert Rodriguez, Machete Kills est un pur défouloir référencé bien moins bête qu’il n’en a l’air. Supporté par un casting de poids et par un humour gras parfois absurde, le film fait d’autant plus saliver que l’on attend désormais avec impatience la suite qui s’annonce comme le pic de la saga : Machete Kills again…In Space.