Réalisateur : Jeff Wadlow
Acteurs : Aaron Taylor-Johnson, Chloë Grace Moretz, Christopher Mintz-Plasse, Jim Carrey…
Genre : Super-losers
Date de sortie française : 21 août 2013
Durée : 1h43
Classification : interdit aux moins de 12 ans
Retour sur grand écran du plus commun des super-héros, cette fois-ci épaulé par une équipe de citoyens costumés ! L’humour est là, et la sauce prend (presque) aussi bien…
Dans le cercle de plus en plus grand des films de super-héros, Kick-Ass (2010) s’était montré comme un pur rafraîchissement. Parodiant sans jamais mépriser tout ce pan de la culture populaire, le premier volet décrivait intelligemment la vie d’un simple adolescent tentant de se déguiser et de sauver la population comme ses idoles. Au milieu d’un monde où il est de plus en plus difficile de garder son anonymat et où la violence est tellement banalisée qu’elle peut être postée sur Youtube pour le plus grand nombre, Kick-Ass représentait un super-héros éprouvant des difficultés à se protéger mais également un symbole d’espoir dans un New-York désespéré. C’est pour cela que ce second épisode s’attarde avant tout sur les conséquences de la genèse du personnage aux collants verts : désormais, de nombreux super-héros patrouillent dans les rues de la ville. Mais Red Mist, pour se venger de Kick-Ass, décide alors de devenir le premier super-vilain, se faisant appelé The Motherfucker !
Vis ma vie de super-héros !
Comme pour le précédent film, Kick-Ass 2 se révèle être un revenge movie assez classique. Ultra-référencé, il est amusant de voir Dave Lizewski (Aaron Taylor-Johnson, toujours aussi fragile) et Mindy MacReady (Chloë Grace Moretz, toujours aussi incroyable) passer par les phases qui semblent caractériser les sequels du genre, de Spiderman 2 à The Dark Knight. Ils se retrouvent face au doute du bien-fondé de leur seconde vie, alors qu’ils ne sont que des adolescents qui se cherchent une personnalité. Mindy/Hit-Girl découvre le lycée et la féminité. Dave/Kick-Ass, lui, se voit perdre le contrôle de sa création. Si cette dernière ne partait pas d’une mauvaise intention, il en paye cette fois-ci les conséquences. Quand une force du bien devient puissante, une force du mal tout aussi puissante finit par faire son apparition. C’est la loi du Némésis, prenant ici les traits de Chris D’Amico/The Motherfucker (Christopher Mintz-Plasse, monstrueusement drôle). Mais là où Kick-Ass 2 va plus loin, c’est grâce à son univers réaliste qui évite le manichéisme. Reprenant la question classique mais efficace du sens de la justice pour un super-héros, la violence est toujours aussi présente, notamment celle perpétrée par le groupe créé par le patriotique Colonel Stars and Stripes (réjouissant Jim Carrey), renforçant le rôle de ces justiciers dans une société ultra-sécuritaire.
Les scènes d’action parfois gores et souvent politiquement incorrects n’en demeurent pas moins aussi jouissives que dans le premier Kick-Ass, contrastant encore plus avec le comportement des personnages dans leur « vraie » vie. A la manière d’un Tarantino, le film joue à fond la carte du second degré subversif, à grands coups de parodies des codes et des habitudes des super-héros (les stéréotypes sur la nationalité ou l’ethnie notamment) et de répliques cinglantes (« Ouais, il y du chien dans tes boulettes ! »). Certes, il oscille entre humour fin et moins fin (plus souvent moins fin d’ailleurs), mais il faut reconnaître que la majorité des vannes fonctionnent, malgré quelques lourdeurs. C’est alors quand le long-métrage revient sur les incertitudes de Dave et le besoin de Mindy de devenir une fille « normale » qu’il retourne à un premier degré souvent pertinent mais assez maladroit. Heureusement, le rythme et les rires reprennent souvent juste après, jusqu’à un final assez impressionnant et faussement anti-épique (on se délecte toujours autant de voir Hit-Girl se battre).
Le film de super-héros 2.0 ?
Si Kick-Ass 2 perd de l’originalité du premier volet, il permet cependant à Jeff Wadlow d’accentuer son aspect « film générationnel ». Le cinéaste ne décrit peut-être pas aussi bien que Matthew Vaughn la société apeurée et sur-protégée, facilitant l’accès à l’information mais handicapant notre héros. Néanmoins, il utilise encore plus la technologie à la disposition du grand public (les réseaux sociaux notamment) qui permettent au Colonel Stars and Stripes et à son groupe de se réunir et de devenir les Avengers du pauvre. Mais Kick-Ass 2 ne s’arrête pas à la simple transposition comique des super-héros dans le monde moderne, et se permet ainsi de critiquer l’utilisation de ces célèbres figures comme simple outil commercial (Dave porte à un moment un T-shirt « I hate reboots »). Le problème, c’est que comme ses héros, le film a alors du mal à s’assumer. On sent la volonté de Jeff Wadlow de dépasser le simple statut de suite du projet, en vain. Trop ancré dans le premier épisode, il en devient forcément un élément de comparaison (comme je le fais depuis le début de cette critique). L’ensemble est alors plus lourd et moins inspiré (sur la mise en scène notamment, se révélant assez banale), d’autant plus que les scénaristes font disparaître l’une des meilleurs nouveautés du film dès la moitié ! Et à force de jouer (certes de manière réjouissante) avec les codes du genre, il finit par devenir prisonnier de ce système, qui en fin de compte nous ouvre les yeux sur le manque d’originalité des films de super-héros actuels. Kick-Ass 2 prouve en définitive par ses références incessantes à la pop culture que les longs-métrages sur nos hommes costumés adorés sont quasi-immortels, mais démontre également, autant par son second degré que par ses maladresses, que le genre n’est pas encore prêt à se renouveler.
Malgré quelques nouveautés et un humour toujours aussi efficace, Kick-Ass 2 a un peu de mal à faire oublier son aîné. L’ensemble reste très fun et accentue certains questions de société que le premier posait, mais certaines lourdeurs de scénario et un manque d’originalité lui font défaut. La parodie prend alors moins bien quand on sait que le film se perd quelque peu dans la convention des codes qu’il cherche à caricaturer. On saluera tout de même les séquences d’action et surtout la prestation de Chloë Grace Moretz.