Réalisateurs : Morten Tildum
Acteurs : Benedict Cumberbatch, Keira Knightley, Mark Strong, Charles Dance
Genre : Biopic historique
Sortie française : 28 janvier 2015
Pays de production : USA / UK
Durée : 1h41
Restrictions : Pour + 12 ans
Il est de ces secrets qui parcourent les années et dont personne ne s’est jamais douté. Et pourtant, ils ont rythmé la vie des citoyens d’un pays, d’un continent, du monde.
Un de ces plus grands secrets au cours du XXe siècle a certainement été celui de la cellule secrète créé lors de la 2nde guerre mondiale par le gouvernement britannique, regroupant les plus brillants esprits de l’Empire et chargés de casser Enigma, le code secret utilisé par les Nazis pour leurs communications top secrètes.
Ce film, basé sur la biographie romancée d’Alan Turing rédigée par Andrew Hodges, décrit surtout la vie, les passions et les souffrances d’un des plus brillants mathématiciens de notre époque, que nombre de geeks connaissent probablement sous le sobriquet de « Papa de l’informatique ». Un homme peut-être trop génial pour un esprit torturé, incompris de son époque.
Un des plus grands secrets du Royaume Uni et de l’Humanité
Le film se base, même si focalisé sur la personnalité d’Alan Turing, sur un des plus grands secrets du dernier siècle, qui a été conservé presque 60 ans avant d’être enfin révélé au Monde par les sujets de sa Gracieuse Majesté au début des années 2000 : la guerre a probablement été remportée grâce à un collège de mathématiciens qui ont réussi l’impossible : battre une machine.
Au début des années 1940, Alan Turing, brillant mathématicien d’un peu moins de 30 ans, est convié par les services secrets britanniques, le célèbre Mi6, à rejoindre un collège de quelques mathématiciens et cryptologues de tout le Royaume Uni pour réaliser une « mission impossible » : casser le code Enigma, le plus complexe système de cryptage de l’époque, utilisé par l’Allemagne Nazie et les pays de l’Axe. Alors dans une impasse avec ses principaux alliés tombés ou en perte de terrain, la Grande Bretagne sait que son salut ne pourra venir que de ces génies de fortune et du maigre espoir que le cerveau humain puisse casser celui d’une machine.
Basé sur des faits réels, l’histoire d’Imitation Game traite, de manière romancée, de cet immense secret gardé tant d’années par le Royaume Uni, mais également des discriminations que subirent certaines tranches de la populations il n’y a même pas 80 ans.
Un Jeu de l’Imitation porté par un génie de l’interprétation
Aux commandes d’Imitation Game, un réalisateur peu connu à part pour les spécialistes du 7e art : Morten Tyldum, Norvégien de naissance, dont le nom fut cité à quelques reprises dans de méconnus festivals, avant d’être nommé pour l’une des plus belles récompenses du cinéma : l’Oscar du meilleur réalisateur.
Si l’homme s’en sort bien à la réalisation comme à la mise en scène, avouons que Tyldum a probablement eu la tâche facile. Et pour cause, le rôle d’Alan Turing est sublimé par un des acteurs les plus doués de sa génération : Benedict Cumberbatch (Le Hobbit, Sherlock…), qu’on ne se lasse pas de voir à l’écran de plus en plus fréquemment.
Le virtuose britannique est accompagné de nombreux compatriotes au visage plus que connu, notamment la jolie Keira Knightley (Orgueil et préjugés, Pirates des Caraïbes), Mark Strong (Rock’N Rolla, Kick-Ass…) ou Charles Dance, le terrible Lord Tywin Lannister de la désormais incontournable série Game of Thrones. Mais le talent de l’interprète de Smaug ou de John Harrison suffit à captiver pour entrer immédiatement dans le film et sentir une véritable empathie pour le détesté mais adoré Alan Turing.
Apprendre une histoire, comprendre une légende
Mais rappelons-le : même si Imitation Game utilise comme trame de fond l’incroyable quête du décryptage d’Enigma, gardée secrète tant d’années, le vrai point central de ce film est la personnalité tourmenté d’Alan Turing, un brillant esprit qui a probablement sauvé des millions de gens, peut-être fait tomber le nazisme, posé les bases de l’informatique et à qui on n’a offert que la mort en récompense.
Le film n’oublie pas de traiter en profondeur avec ce qui a fait la perte du génial mathématicien : son homosexualité, vécue et trop peu cachée depuis son enfance, qui ne fera qu’augmenter les souffrances du savant.
On ne peut spolier l’Histoire mondiale, qui devrait être connue de tous par mémoire de nos Héros, et ce n’est en rien révéler une dramatique chute que dire ici que l’émouvant film de Tyldum se termine par un terrible drame : le suicide d’Alan Turing, en 1954, après que le peu reconnaissant Empire britannique ait obligé un de ses plus éminents représentants à la castration chimique après la découverte de son homosexualité, alors encore considéré comme crime passible de prison jusqu’en 1967 dans tout le Royaume Uni. Pays civilisé vous disiez ?
C’est un portrait poignant, retraçant une des périodes les plus importantes de notre histoire, portant à l’écran un des plus grands secrets de notre ère mais surtout levant le voile sur une personnalité centrale dans la fondation de notre époque et sur le manque évident de reconnaissance apporté que dépeignent Tyldum, Cumberbatch et les autres intervenants d’Imitation Game, pour ce qui ne peut être nié comme étant un grand film.
Et les 8 nominations aux Oscars, dont ceux du Meilleur acteur, Meilleure actrice dans un second rôle, Meilleur film et Meilleur réalisateur, viennent confirmer cette potentielle consécration. Espérons juste que, si le monde n’a pas su faire preuve de reconnaissance envers Turing pour son œuvre, il saura l’être pour l’histoire de sa vie.
Bande annonce : Imitation Game VF (2015)
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