Réalisateur : Shinji Aramaki
Avec (en VO) : Shun Oguri, Haruma Miura, Yû Aoi…
Genre : Madeleine de l’Espace
Date de sortie française : 25 décembre 2013
Nationalité : Japon
Durée : 1h50
Classification : tout public
Le corsaire de l’Espace aborde les grands écrans pour un cadeau de Noël bien emballé mais dont on se serait passé.
« Albaaaaaator ! Albaaaaaator ! Le corsaire de l’espaaaaaace ! » Dans les oreilles d’un trentenaire, ce doux générique résonne comme une madeleine de Proust ultime. On peut ainsi aisément imaginer leur réaction à l’annonce d’une adaptation de l’animé japonais qu’ils regardaient tous sur Récré A2 (lui-même basé sur un manga) et qui a contribué à la démocratisation du genre en Occident. De plus, à l’écoute d’un Mister James Cameron dithyrambique sur le film en question, il y avait de quoi baver comme un boxer en rut. Mais ce qu’Albator nous apprend dès ses premières minutes, c’est de ne plus faire confiance aux grands cinéastes simplement parce qu’ils sont responsables de grands films. Pour le créateur d’Abyss, de Titanic et d’Avatar, décrire ce long-métrage d’animation comme étant « techniquement sans précédent » relèverait presque d’une désolante amnésie. Cela fait maintenant de nombreuses années que le Japon se passionne pour la froideur du numérique pour tenter d’y extraire la chaleur et l’émotion humaine. Il suffit bien entendu de se baser sur les cinématiques de plus en plus perfectionnées des jeux vidéos mais aussi sur les deux films Final Fantasy pour comprendre qu’Albator n’a rien de révolutionnaire sur le plan technique. Son réalisateur, Shinji Amaraki le sait par ailleurs et tente justement de relier les deux médias qui lui paraissent désormais indissociables dans le domaine de l’animation (notamment par quelques plans en vue subjective bien pensés).
Albator : Into Darkness
Cependant, le long-métrage est loin d’être laid et bénéficie même d’une esthétique au poil. Passée l’introduction, on s’émerveille devant la qualité des textures et la fluidité des mouvements. La découverte ne se fait pas pour autant dans la contemplation et parvient à éviter les écueils auxquels Hollywood nous habitue quant il est question de reboot. En même temps que Yama, envoyé de la coalition Gaïa pour s’infiltrer dans l’Arcadia et tuer notre capitaine adoré, le spectateur fait très vite connaissance avec l’univers dans une narration qui ne tourne pas autour du pot. Shinji Aramaki cherche l’inspiration du côté de J.J. Abrams pour un récit rapide accumulant les twists. La mise en scène est tout aussi vive et réussit à capter la beauté des combats ainsi que des batailles spatiales. Les tirs se croisent, les lumières se mêlent et on aurait juste souhaité qu’à la manière d’un Del Toro, Amaraki contraste plus la petitesse de l’humain face à au gigantisme du cosmos, qui est au centre du scénario.
Un film borgne ou aveugle ?
C’est malheureusement cette même beauté plastique qui fait défaut à ce cher Albator car Amaraki ne sait pas vraiment comment l’exploiter. Il pourrait nous faire profiter du silence de l’Espace pour nous laisser contempler et comprendre son intrigue mais y préfère une assistance complète du spectateur par le son. La musique ronfle dès que la tension monte et les bavardages sans intérêts des personnages (qui vont jusqu’à parler tout seuls) ne font qu’enfoncer le clou au cas où on serait vraiment trop cons pour comprendre ce que l’on sert à nos mirettes. Cette ambivalence se ressent ainsi dans le sous-texte politique se voulant le moins manichéen possible, mais faisant perpétuellement changer les protagonistes de camp sans réelle justification. On finit donc par se foutre des enjeux un peu complexes pour n’attendre bêtement que les scènes de baston placées sous le signe de la chorégraphie stylée (je vous laisse compter le nombre de mouvements de cape grandiloquents d’Albator !). Ce grotesque involontaire réside de ce mélange peu habile de la culture cinématographique japonaise avec les tendances des blockbusters américains. On pourrait penser qu’Amaraki cherche à souligner la volonté d’Albator de réunifier une humanité dispersée et en constante opposition. Il ne tente en réalité que de plaire à tous les publics, pour au final ne contenter personne.
Ce bon vieux Albator a beaucoup de mal à s’imposer en 2013, faute d’un récit mal dosé alternant de façon assez perturbante le pilotage automatique et le « what the fuck ». Reste quelques moments de bravoure servis par une esthétique soignée et fidèle à son modèle. Albator, Corsaire de l’Espace peut donc se voir comme un plaisir visuel et/ou coupable pour les férus de science-fiction. Les trentenaires, eux, risquent de prendre un coup de vieux…
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Noooooooooooooooooooonnnn … 🙁