Réalisateur: Jean-Francois Richet
Acteurs : Vincent Cassel, Freya Mavor, Denis Ménochet…
Genre: Historique, policier
Date de sortie: 19 décembre 2018
Durée: 1h50
Nationalité: Français
10 ans après leur Mesrine et leur César et 3 ans après leur Moment d’Egarement, Jean-Francois Richet et Vincent Cassel se retrouvent pour Le film d’aventure de cette année: L’Empereur de Paris.
Synospis: Sous le règne de Napoléon, François Vidocq, le seul homme à s’être échappé des plus grands bagnes du pays, est une légende des bas-fonds parisiens. Laissé pour mort après sa dernière évasion spectaculaire, l’ex-bagnard essaye de se faire oublier sous les traits d’un simple commerçant. Son passé le rattrape pourtant, et, après avoir été accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis, il propose un marché au chef de la sûreté : il rejoint la police pour combattre la pègre, en échange de sa liberté. Malgré des résultats exceptionnels, il provoque l’hostilité de ses confrères policiers et la fureur de la pègre qui a mis sa tête à prix…
L’Empereur de Paris renoue avec le grand cinéma d’aventure français, une magnifique réussite
Eugéne-Francois Vidocq est un nom qui résonnera chez de nombreuses personnes.
Un personnage entré dans la culture populaire grâce à de nombreux livres, séries, films…
Mais avant d’être ce héros littéraire, Vidocq a été un aventurier, bagnard, indicateur, détective privé et chef de la police de Paris dans les années 1800.
Une personnalité historique ayant réellement existée qui aujourd’hui a le droit à son biopic.
Loin du raté Vidocq de Pitof en 2001, L’Empereur de Paris est ce que Batman Begin fût au Dark Knight, un formidable « prequel ».
Derrière ce film, deux producteurs français: Éric et Nicolas Altmayer et un réalisateur: Jean-Francois Richet.
Passionné d’histoire, le réalisateur diptyque Mesrine, vient bousculer le film d’aventure made in France.
Sur un scénario du très bon Éric Besnard, Richet nous offre une grande œuvre à plusieurs niveaux de lecture.
Film d’aventure grandiose, œuvre historique, politique, L’Empereur de Paris frise le sans faute.
D’une durée de 110 minutes (on aurait adoré en voir plus), le film parvient à développer beaucoup de thèmes sans en faire trop même si on aurait apprécié connaître un peu plus le Vidocq gangster du début.
Dans le rôle de François Vidocq, Vincent Cassel, dont c’est la troisième fois derrière la caméra de Richet, est parfait.
Charismatique, puissant, animal, Cassel est habité.
Homme à la recherche de liberté, de justice et d’égalité, François Vidocq évoluera dans un monde où personne n’est réellement bons ou mauvais.
Le comédien est accompagné par de nombreux seconds rôles, tous aussi bons les uns que les autres.
Le réalisateur offre à chacun son moment et soigne son « bad guy » en la personne de l’acteur allemand Auguste Diehl.
Loin de cantonner les rôles féminins à des « faire valoir », le metteur en scène et son scénariste soignent leurs personnages là où de nombreux réalisateurs et scénaristes auraient choisi la facilité. Olga Kurylenko et Freya Mavor ont de belles partitions à jouer.
Niveau mise en scène, Jean-Francois Richet sort l’artillerie lourde.
Les plans larges sont somptueux, la caméra vole au-dessus des toits parisiens et des ruelles d’epoque dans de magnifiques décors créés de toutes pièces. Les scènes d’actions ne font pas dans la surenchère, les combats sont bruts, les gunfights sentent la poudre.
De véritables pavés de l’empire ont servi pour les décors, le bruit des canons retravaillé, la direction artistique est irréprochable.
La photo est magnifique, le travail sur la lumière somptueux, certaines scènes ressemblent à de vrais tableaux.
La musique de Marco Beltrami (Logan) magnifie le tout, peut être le meilleur score du compositeur américain depuis longtemps.
La dernière scène du film et l’une des plus puissantes et nous donne envie de voir la suite.
L’Empereur de Paris dépasse nos espérances. Du grand cinéma comme on en faisait autrefois.
On attend avec impatience un second opus.
Jean-Francois Richet a eu la gentillesse de répondre à nos questions.
Au delà d’être le grand réalisateur que l’on connaît, l’homme est un humaniste passionnant et passionné, un metteur en scène rare dans le paysage français.
Interview:
Watz Up: Bonjour Jean-Francois, tu es un cinéaste qui compte mais également un passionné d’histoire. On l’oublie assez souvent mais Eugène-Francois Vidocq est un personnage réel, devenu un héros malgré lui dans la culture populaire.
Qu’est-ce qu’il représente pour toi?
Jean-Francois Richet: Vidocq est un personnage avec lequel nous pouvons nous identifier. C’est un être qui essaye de survivre, un pragmatique. C’est un homme qui dit non à sa condition sociale. Il traverse une époque ou tout est possible. Une époque ou un fils de fermier peut-être Maréchal d’Empire, ou un bagnard peut être chef de la Sureté.
Watz Up: Faire un film d’aventure est compliqué dans notre pays, pourquoi prendre un tel risque là ou tu aurais pu enchaîner des œuvres moins complexes?
Jean-François Richet: Après Mesrine je pouvais réaliser tous les polars que je voulais, mais ou est l’intérêt ?
J’essaie d’être cohérent avec moi-même et de choisir les sujets qui me font vibrer, je fonctionne à l’instinct.
Je m’investie énormément pour chaque film, cela me prend des années pour chaque projet donc je fais attention à mes choix. Cela fait longtemps que je veux redonner ses lettres de noblesse aux films d »aventures » et je pense que L’Empereur de Paris est une opportunité que je devais saisir.
Le sujet, l’époque, le romanesque c’est exactement ce que j’aime. J’ai de la chance de pouvoir allier plusieurs passions dans ce film, L’Histoire, la littérature et le cinéma. Alors oui cela est un risque car nous avançons en terrain défraîchie car c’est une proposition atypique dans la production actuelle de notre paysage cinématographie. C’est également un risque financier car il est aisément compréhensible que le réservoir d’entrées et plus large pour une comédie qu’un tel projet.
Les motivations sont l’envie de partager ce qui m’émeut, l’envie de proposer une immersion en 1809, l’envie de souffle, l’envie de revisiter notre patrimoine français.
Watz Up: Le film se termine sur un plan sublime, un tableau vivant où l’histoire prend une nouvelle tournure.
Avez-vous eu l’idée de donner une suite à l’Empereur de Paris?
Jean-Francois Richet: Oui, je pourrai faire plusieurs films si nous envisagions une suite. Vidocq est un personnage passionnant, qui a traversé plusieurs régimes politiques. De l’Empire en passant par la Restauration, de Louis-Philippe jusqu’au Second Empire. Il y a énormément de possibilités dramaturgiques avec ce personnage.
Watz Up: Avec ce film, tu prouves que le grand cinéma d’aventure est possible en France.
Il y a quelques années tu étais attaché à un projet sur Lafayette avec Vincent Cassel, est-il toujours d’actualité?
Jean-Francois Richet: Lafayette coûte très cher, c’est le général de le Garde Nationale sous la révolution. Il n’est pas question pour moi d’en faire un film d’alcôve, il faut des moyens à la hauteur du personnage qui est un homme qui se révélait par l’action. Il a fallu 20 ans pour monter Mesrine, il a fallu 20 ans pour monter L’Empereur de Paris. Les projets hors norme demande ce temps car ils sont atypiques. J’ai Why Not Production et Studio Canal avec moi. On verra le temps que cela prendra. Je travaille toujours dessus…
Watz Up: Merci Jean-Francois, ce fût un réel plaisir.
Jean-Francois Richet: Merci Michaël, à bientôt.
Bande-Annonce du film « L’EMPEREUR DE PARIS »
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