Réalisatrice : Jennifer Kent
Acteurs : Essie Davis, Noah Wiseman, Daniel Henshall
Genre : Epouvante-horreur
Sortie française : 30 juillet 2014
Pays de production : Australie
Durée : 1h30
Classification : Interdit aux moins de 12 ans
Synopsis : Depuis la mort brutale de son mari, Amelia lutte pour ramener à la raison son fils de 6 ans, Samuel, devenu complètement incontrôlable et qu’elle n’arrive pas à aimer. Quand un livre de contes intitulé Mister Babadook se retrouve mystérieusement dans leur maison, Samuel est convaincu que le ‘Babadook’ est la créature qui hante ses cauchemars. Ses visions prennent alors une tournure démesurée, il devient de plus en plus imprévisible et violent. Amelia commence peu à peu à sentir une présence malveillante autour d’elle et réalise que les avertissements de Samuel ne sont pas peut-être pas que des hallucinations…
Après être passée derrière la caméra en 2005 avec son court-métrage intitulé Monster, la comédienne australienne Jennifer Kent l’adapte aujourd’hui en long sous le nom de The Babadook (Mister Babadook en version française). En partie financé via Kickstarter, Mister Babadook a fait le tour des festivals depuis plus d’un an en accumulant les récompenses.
Si ce premier long-métrage n’est pas à la hauteur de son buzz et de toutes ses critiques élogieuses, il révèle néanmoins un certain savoir-faire chez la cinéaste. Jump scares, portes qui grincent et croque-mitaine inquiétant, tout est réuni pour faire de ce Mister Babadook un excellent film d’horreur à l’ancienne. Jennifer Kent maîtrise les codes du genre mais ne parvient jamais à les transcender. Beaucoup trop prudent pour être marquant, le film n’exploite pas toutes ses bonnes intentions et finit même par se vautrer dans les pires clichés galvaudés du cinéma d’horreur. La mise en scène efficace de Kent réussit à nous arracher quelques sursauts mais s’enferme dans un programme appliqué à la lettre. Malgré une première demi-heure maîtrisée et intéressante, notamment dans sa façon fascinante d’incruster lentement le Babadook dans la réalité, Jennifer Kent s’égare au fil du récit sans jamais se renouveler.
Dès lors le premier acte terminé, la cinéaste australienne semble avoir fait le tour de son sujet. Ainsi, toute la puissance psychanalytique qu’impliquait le sujet du film est écrasée par un enchaînement de scènes rabâchées. La relation mère-fils constitue probablement le point le plus intéressant du film. Le portrait de cette mère et de son fils tentant de se protéger l’un l’autre depuis la mort du père fonctionne bien grâce à deux comédiens bluffants (Essie Davis et Noah Wiseman), mais cette impression de déjà-vu empêche l’implication émotionnelle du spectateur. Avant tout film métaphorique sur le deuil, Mister Babadook est aussi frustrant dans les apparitions du boogeyman que dans le traitement psychologique de ses personnages. Malheureusement pour Jennifer Kent, Juan Antonio Bayona et son sublime L’Orphelinat (2008) sont passés avant elle.
Au final, Mister Babadook n’est qu’un film d’horreur conventionnel et maladroit qui ne tient pas toutes ses promesses malgré quelques belles idées. Jennifer Kent réalise avec beaucoup de sincérité un film malheureusement trop fade qui tombe dans tous les clichés du genre sans chercher à innover. Frustrant mais non dénué de tout intérêt, le film ne marquera pas les esprits mais révèle une cinéaste appliquée.
bande-annonce de « Mister Babadook » :
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