Réalisateur : Patrice Leconte
Acteurs : Rebecca Hall, Alan Rickman, Richard Madden, Toby Murray…
Genre : romance tenue
Date de sortie française : 16 avril 2014
Nationalité : France, Belgique
Durée : 1h38
Classification : tout public
Une histoire d’amour pas toujours sûre d’elle, mais réalisée à fleur de peau et portée par un trio d’acteurs bouleversant.
Friedrich (Richard Madden) est un jeune homme d’origine modeste, dont les talents lui permettent de rapidement gravir les échelons dans la hiérarchie d’une usine de sidérurgie. Bien perçu par son vieillissant patron (Alan Rickman) contraint de rester à son domicile, il est accueilli par ce dernier. Il y rencontre alors sa belle épouse, Lotte (Rebecca Hall), dont il tombe amoureux. Relativement classique, l’intrigue d’Une Promesse est adaptée d’une nouvelle de Stephan Zweig, décrivant un énième triangle passionnel. Patrice Leconte ne cherche pas tant l’originalité qu’un véritable point de vue, qui est, à vrai dire, la principale qualité du film, mais aussi son plus grand défaut. En tâtonnant sur la façon d’adapter l’œuvre d’origine, le réalisateur de Ridicule accumule les petites scènes, quitte à rendre sa narration quelque peu disparate. Néanmoins, au fil de ces dernières, le puzzle se forme (à l’image de celui que tente de finir Lotte) pour dépeindre une émouvante romance désespérée.
Dilemme amoureux et cinématographique.
Du jeu de ses sublimes acteurs à la réalisation, – qui abuse toutefois de la technique du recadrage pour inspirer le doute – tout dans Une Promesse reflète une retenue qui ronge les personnages. La beauté du film réside dans le ressenti de l’inaccessibilité, contenu dans un regard fugace et crispé ou encore dans la senteur d’un parfum entêtant. Leconte amène alors doucement son récit vers un départ inévitable, créant une frontière jusque là invisible au sein de son quasi-huis clos. Le problème, c’est que la correspondance, suivie de l’impossibilité de communiquer qui occupe la fin de l’histoire aurait sans doute mérité un traitement moins expéditif. Étonnamment, le cinéaste parvient très bien à décrire le manque de l’autre quand les deux amants sont face à face, mais moins quand ils sont séparés par un océan, ainsi que par une durée interminable.
A la recherche du temps perdu.
La temporalité est pourtant au centre d’Une Promesse, et plus précisément en ce qui concerne la durabilité de la passion. Malgré sa reconstitution historique irréprochable, Patrice Leconte se tourne vers le parti pris assez osé d’abstraire son contexte (il s’agit de l’atout principal de la nouvelle) : un amour mis à mal dans l’Allemagne de la Première Guerre mondiale. De cette manière, il universalise le récit de Zweig en en comprenant la sève et non l’écorce. C’est cependant durant le dernier acte, quand les protagonistes sortent de leur bulle et retournent dans la dureté de l’actualité, que le film touche le plus. Les affres du temps frappent sans prévenir, comme lors d’une glaciale manifestation nazie. On pourra regretter un happy-end un peu trop attendu, mais force est de constater que Patrice Leconte a compris comment donner une patte à un type de récit vu et revu. Il colle aux désirs cachés de ses amants maudits ; et s’il peut sembler fébrile en doutant de sa démarche, il reflète en réalité le comportement de ses personnages.
S’il n’est pas pas exempt de défauts, Une Promesse évite les poncifs de la love-story sur toile de fond historique pour se concentrer sur ses bouleversants protagonistes, incarnés à la perfection par sa brochette d’acteurs, Rebecca Hall en tête. L’essentiel est là, cadré avec un tâtonnement parfois exaspérant mais justifié. Promesse tenue.
Bande-annonce : Une Promesse
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