Test : The Wolf Among us : épisode 2 : Smoke and Mirrors

• Graphismes
• Jouabilité
• Bande-son
• Durée de vie
• Scénario

Éditeur : Telltale Games
Développeur : Telltale Games
Support : PC, MAC, PS3, XBOX 360, PS VITA, IPHONE, IPAD
Type : Dilemme, quand tu nous tiens.
Date de sortie française : 4 février 2014
Classification : déconseillé aux moins de 18 ans
Prix : 22,99 € (pour le jeu complet)

Bigby et ses potes des contes de fées sont de retour pour le deuxième épisode de la sublime série de Telltale Games. Qu’en pensent les deux testeurs de Watz-Up ?

Antoine : Le héros au visage de loup.

Joseph Campbell, dans son immense thèse Le Héros aux mille et un visages (1949), explique que le voyage de n’importe quel héros se base sur des archétypes inscrits dans la conscience collective. Ainsi, l’universalité des mythes et des contes se justifie par la névrose de leurs protagonistes, qui répondent à des pulsions que tous les êtres humains apprennent à affronter et contrôler. Cette théorie du « monomythe » est valable dans tous les arts, et a notamment inspiré George Lucas pour l’écriture de la saga Star Wars, que l’on peut considérer comme un mythe moderne. Avec le jeu vidéo, cette prise en compte est d’autant plus passionnante que le public n’est pas simplement passif et s’incarne à travers un avatar qui peut grandir de son expérience aussi bien que le joueur. Il faut croire que le studio Telltale Games a définitivement compris l’impact psychologique de ce concept avec le deuxième épisode de The Wolf Among us.

Un combat tendu où vous n’êtes pas obligés de frapper.

En effet, après les choix décisifs et le cliffhanger du premier volet, Bigby est énervé, très énervé. Ses instincts de Grand Méchant Loup ne souhaitent que remonter à la surface et le climat de tension qui règne dans le sublime univers eighties — la mise en scène est encore une fois à saluer — n’arrange rien. Moins d’action pour plus d’interrogatoires, cet épisode deux a la bonne idée d’amener au fur et à mesure un gimmick pour justifier les dilemmes bien connus de Telltale. Le joueur peut ainsi jongler entre les stéréotypes « du gentil ou du méchant flic », questionnant ainsi notre rapport à la violence de manière bien plus pertinente que dans d’autres jeux vidéos. De plus, si les meurtres touchant Fabletown commencent à s’élucider, ils révèlent une névrose directement liée aux contes de fées, remettant en cause le bien-fondé de ses histoires universelles et moralisatrices, et plus généralement, les limites éthiques de l’être humain. Tout un programme qui malheureusement ne fait que s’esquisser dans Smoke and Mirrors, dont le seul défaut relève de la durée de vie (deux heures). Il faut néanmoins se rappeler que The Wolf Among us est une série dont tout le génie s’appréciera une fois l’aventure complètement terminée. En attendant, ce deuxième épisode confirme avec ses sublimes amorces la complexité d’un titre qui tente de bousculer la vision des mythes. C’est Joseph Campbell qui va être content !

Benny : I am looking for freedom !

Et oui, après quatre mois d’attente, le deuxième épisode des aventures du Grand Méchant Loup est enfin arrivé, et malgré quelques faiblesses (que j’exposerai plus bas) force est de constater, que c’est encore du tout bon ! Voilà mes impressions à chaud…

Scénaristiquement parlant, l’intrigue se complexifie et réserve pas mal de surprises. On retrouve avec plaisir cette ambiance de polar noir et le respect de Telltale pour l’univers du comics de Bill Willingham force l’admiration. On reprend le système rodé du studio pour les choix en temps limité, et on y ajoute des dialogues très bien écrits et un casting vocal éclectique pour donner vie à tout un panel de protagonistes aux motivations diverses…
Alors pourquoi une note aussi « moyenne » si le jeu est quand même « bon » ? Je m’explique …

Tu m’énerves, toi…

Eh bien cet épisode étant principalement axé sur l’investigation au détriment de l’action en elle-même, et même si Telltale pousse encore un peu plus loin l’identification du joueur avec Bigby via quelques twists scénaristiques bien amenés, j’ai quand même eu la désagréable sensation de subir les évènements qui se présentaient, au lieu qu’ils n’arrivent par un enchaînement d’évènements que j’aurai choisi par moi-même… Ce qui m’amène tout naturellement à une autre petite déception personnelle : l’absence totale de choix réellement décisifs, comme c’était pourtant le cas pour le premier épisode, et ce, dès les premières minutes de jeu. D’autre part, si vous vous êtes essayés aux précédentes productions estampillées Telltale, vous savez que les personnages que le joueur est amené à rencontrer ont une personnalité bien travaillée, ce qui m’amène de fil en aiguille à vous parler des quelques nouveaux personnages introduits dans ce deuxième épisode. Par exemple, si Georgie remplit à la perfection son rôle de gérant d’un strip-club/magouilleur à ses heures, grâce au talent des doubleurs et au travail d’écriture de Telltale, je regrette le caractère un peu « bouche-trou » de Jack Horner, que Bigby croisera durant son enquête. Celui-ci se contente de faire un simple caméo de moins de cinq minutes montre en main… J’espère le croiser dans les épisodes à venir, d’autant que les screens diffusés par Telltale me laissaient présager d’un rôle beaucoup plus important…

Malgré un cliffhanger de fin finalement assez prévisible (mais relativement bien amené), il est agréable de voir que Telltale parvient à s’approprier l’œuvre de Bill Willingham en utilisant les codes propres au comics avec un zeste bienvenu de psychologie pour surprendre les joueurs. Bigby devient encore plus trouble et ses aventures encore plus passionnantes dans un Fabletown magistralement mis en scène par un studio qu’il faut décidément surveiller de très très près ! Si la courte durée de vie de ce deuxième épisode peut paraître un défaut, cela ne nous fait qu’attendre avec plus d’impatience la suite de cette grande série vidéoludique.

Bande-annonce de The Wolf Among us : épisode 2 : Smoke and Mirrors